Société Générale…suite….et non fin…
Éditorial
Contrôle
laurent joffrin
QUOTIDIEN : lundi 28 janvier 2008
On a découvert le nom de ceux qui ont présidé à la dérégulation de la finance mondiale : ils s’appellent Frankenstein.
Le monstre qu’ils ont créé a échappé à tout contrôle. Ses derniers méfaits sont connus : la crise des «subprimes», née de produits financiers si subtils que les banquiers eux-mêmes en ont perdu la trace ; et maintenant ce record mondial des sinistres bancaires, enregistré la semaine dernière par la Société générale. Jérôme Kerviel, rouage minuscule d’une machine mondiale et Daniel Bouton, PDG de la banque, quoique l’un des mieux payés de France et enclin de surcroît à donner des leçons à la terre entière, ne sont dans l’affaire que les pâles boucs émissaires d’un système devenu fou.
Certes la fluidité de la finance mondiale permet une meilleure allocation du capital à l’échelle planétaire. Certes la spéculation, en réduisant les risques de certains agents pour les faire supporter à d’autres, a son utilité dans une économie de marché. Mais l’abolition des garde-fous à l’imagination spéculative a créé au-dessus de l’économie réelle une gigantesque masse d’argent instable dont les soubresauts bousculent tour à tour les gouvernements, les industriels et les citoyens. Un peu de recul nous apprend d’ailleurs qu’aux temps prétendument archaïques de la régulation financière, la croissance mondiale n’était pas inférieure à ce qu’elle est aujourd’hui. Il est temps que les politiques, dont c’est la responsabilité, tentent de reprendre le contrôle du monstre. Ils en ont les moyens. A condition de jeter par dessus bord les dogmes du laisser-faire qui les paralysent.

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