L’édito d’Eric Decouty…………………………..(20/12/2013)
Aveugle
EDITORIALLes chiffres sont dérisoires pour décrire l’abjection. Car si, parmi les milliers de femmes brutalisées par leur mari ou leur conjoint, plusieurs meurent chaque semaine en France, combien souffrent dans l’indifférence ou le silence ? Combien retirent leurs plaintes, renoncent aux poursuites sous la pression de leur bourreau ? Face à cette réalité, la mobilisation des associations nationales ou locales ne suffit pas. La réaffirmation des grands principes non plus. Les victimes de ces barbaries quotidiennes méritent une considération que la police, la justice et l’administration leur refusent. Les mains courantes ne peuvent plus finir en masse aux oubliettes des commissariats et des gendarmeries sans avoir fait l’objet de vérifications, d’investigations. Des dossiers ne peuvent être classés sans suite par les parquets après de simples auditions. Quant aux femmes étrangères, humiliées et battues – comme celles dont Libération publie aujourd’hui les sinistres histoires -, les préfets doivent traiter leurs témoignages avec la plus grande attention avant de décider le renvoi dans leur pays. Plutôt que d’ajouter la violence aveugle de l’administration à la violence des coups, préfets et procureurs doivent organiser la protection de ces femmes au statut fragile et doublement victimes. La volonté du gouvernement d’assurer une meilleure protection ne doit pas être un simple vœu pieux, mais être enfin suivie d’effets concrets.

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