Migration…………………………………….(23/09/2015)
La répartition des réfugiés passe au forceps
Les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne ont adopté le mécanisme de répartition de 120 000 demandeurs d’asile malgré l’opposition de la Hongrie, de la Slovaquie et de la République tchèque.
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La répartition des réfugiés passe au forceps
Chose rare, les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne favorables au plan de répartition de 120 000 réfugiés auront dû passer de force et recourir au vote, soulignant les profondes divisions qui traversent l’Union européenne au sujet de l’asile. C’est en fin d’après-midi ce mardi, que le conseil «justice et affaires intérieures» a enfin pris la décision d’organiser la «relocalisation» de réfugiés à partir de l’Italie et de la Grèce, deux pays particulièrement touchés par l’afflux de demandeurs d’asile.
«Nous avons adopté cet accord à une large majorité», a déclaré Jean Asselborn, ministre luxembourgeois des Affaires étrangères et européennes, de l’Immigration et de l’Asile, à l’issue d’une réunion dont il avait la présidence. Au vu de la teneur des discussions de ces dernières semaines, il était devenu évident que trois pays d’Europe centrale allaient lutter bec et ongles contre l’idée d’une répartition des réfugiés. L’unanimité et le compromis, si chers aux dirigeants européens, allaient tomber aux oubliettes.
La division est donc actée. La Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie se sont opposées au texte. La Finlande s’est abstenue. Surprise : la Pologne a finalement accepté de se joindre à la majorité.
La Hongrie paye son opposition
Le texte qu’avait proposé la Commission européenne le 9 septembre a toutefois été modifié. Trois pays européens «de première ligne» devaient bénéficier du mécanisme de relocalisation. 15 600 réfugiés devaient être transférés depuis l’Italie, 50 400 depuis la Grèce et 54 000 depuis la Hongrie.
Or, cette dernière s’étant opposée farouchement au principe même de la relocalisation, seules l’Italie et la Grèce verront des demandeurs d’asile répartis à partir de leur territoire. La Hongrie paye donc son opposition à la relocalisation. Elle devra accueillir des réfugiés supplémentaires au lieu d’en voir 54 000 quitter son territoire. Une situation pour le moins paradoxale.
Le contingent de 54 000 personnes qui auraient dû être réparties à partir de la Hongrie sera «octroyé» d’ici un an à l’Italie et la Grèce, ou à d’autres pays qui pourraient être confrontés à un afflux soudain de réfugiés (on pense ici à la Croatie). La participation forcée de la Hongrie au mécanisme de relocalisation a pour résultat mécanique de réduire le nombre de demandeurs d’asile qu’accueilleront les autres Etats membres. La répartition concernera donc, dans un premier temps, 66 000 personnes en «besoin manifeste de protection» arrivés en Italie ou en Grèce. La France en accueillera 12 962.
Enfin, les discussions tendues entre les Etats membres de l’Union européenne auront poussé le conseil «justice et affaires intérieures» à abaisser quelque peu les ambitions du texte initial. Des Etats qui feront valoir des «circonstances exceptionnelles» pourront se soustraire au mécanisme, pour 30% du nombre des demandeurs d’asile qu’ils auraient dû accueillir.
Hotspots
Reste à savoir comment, concrètement, des Etats récalcitrants seront contraints à accueillir des réfugiés dont ils ne veulent pas. Quant aux réfugiés eux-mêmes, rien ne garantit qu’ils accepteront de bonne grâce d’être accueillis dans des Etats où les conditions d’accueil sont parfois déplorables.
Une chose est sûre, pour que cette répartition s’organise concrètement, les fameux «hotspots» proposés par la Commission européenne devraient voir le jour ces prochaines semaines à Catane en Italie et au Pirée en Grèce. Ces «centres de tri» entre migrants irréguliers et réfugiés seront observés avec attention par les ONG de droits de l’homme, tant elles font craindre l’utilisation massive de la détention de migrants.
Si les ministres ont poussé le rapport de force jusqu’au vote c’est qu’ils souhaitaient faire place nette avant le sommet «informel» et «extraordinaire» des chefs d’Etat et de gouvernement qui se tiendra mercredi soir à Bruxelles. Un sommet au cours duquel personne ne souhaitait rééditer le fiasco du 26 juin dernier qui avait vu les dirigeants européens s’étriper jusqu’au bout de la nuit autour de la toute première proposition de relocalisation, sans parvenir à un accord. Mercredi soir, les chefs d’Etat et de gouvernement discuteront à nouveau de la question de l’asile. Avec une épine dans le pied en moins… et quelques tensions en plus.

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