L’édito de Libération…………………………….(07/03/2013)

EDITORIAL

Pas à la hauteur

— 6 mars 2016 à 20:11

  • Pas à la hauteur

ÉDITOCalais, dernière frontière avant la terre promise, est devenu le cul-de-sac des tragédies du monde. Dans l’impossibilité d’avancer plus avant, c’est ici, dans une boue sablonneuse en bordure de rocade et de complexe industriel, à une heure à pied du centre-ville, que des milliers de migrants sont venus s’échouer. Pour y planter une tente ou construire une cabane. Et espérer, espérer toujours qu’un passage en Angleterre est possible. Même s’il faut y risquer sa vie. C’est peu de dire que la ville de Calais n’était pas taillée pour ça. Elle s’est reconstruite, après la guerre, le nez en direction du Channel, vivant longtemps au rythme des allers et retours des Anglais qui débarquaient le week-end remplir leur Caddie d’alcool et de cigarettes. Déjà secoué par la crise économique et un taux de pauvreté deux fois supérieur à la moyenne française, Calais titube entre solidarité et exaspération. Depuis une semaine, les journalistes de Libération ont sillonné la ville pour voir, écouter et tenter de comprendre. Qui peut décemment se satisfaire que cette jungle, assemblage exotique de misère mais aussi d’espoir, s’étende chaque semaine un peu plus ? A l’exception des passeurs, personne.

En guise de solution, Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, a donné l’ordre de raser la partie sud du camp. Il avait promis concertation et non-violence. Toutes les associations ont dénoncé effet de surprise et brutalités policières. Mais le plus grave est ailleurs. Sur le papier, ce démantèlement avait pour objectif d’inciter les migrants à quitter leurs cabanes pour se mettre à l’abri, et les convaincre de faire le pari de l’asile en France. Aucun de ces objectifs n’a été vraiment atteint. La situation a empiré car elle s’est déplacée. La concentration dans la partie nord du camp s’est accrue, augmentant les risques sanitaires et de sécurité. Et, plus inquiétant encore, de plus en plus de migrants n’hésitent pas à quitter Calais pour tenter leur chance dans d’autres mini-jungles, apparues le long de la côte. La situation était compliquée mais contrôlable, elle risque de venir incontrôlable. Alors que toutes les associations anticipent une prochaine vague de réfugiés, le gouvernement n’a pas d’autre choix que d’assumer (enfin) l’ampleur de ce défi de Calais : et commencer par prolonger l’investissement réalisé en janvier avec l’ouverture sur place d’un centre d’hébergement d’urgence de 1 500 places. Il a été volontairement sous-dimensionné. Il est urgent de le revoir à la hausse. Aujourd’hui, la sixième puissance économique mondiale n’a que soixante douches à proposer aux milliers de réfugiés de Calais.

 

Publié dans : MIGRANTS |le 7 mars, 2016 |Pas de Commentaires »

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