La lettre de Laurent Joffrin…………(03/12/2019)

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Libération 06 décembre 2019
Laurent Joffrin
La lettrepolitique
de Laurent Joffrin

Revanchesyndicale

Une journée de protestation, mais aussi une journée de revanche. Les centrales syndicales, qu’on disait moribondes, décalées, incapables de mobiliser les salariés, dépassées par les nouvelles formes de lutte, abonnées aux manifs sans manifestants, ont fait cette fois la démonstration de leur maîtrise et de leur représentativité.

Mauvaise nouvelle pour le gouvernement, qui doit faire face à une protestation massive. Mais si on laisse de côté le débat politique immédiat, bonne nouvelle, au fond, pour la démocratie sociale. Il apparaît cette fois qu’une manifestation déclarée, sur un itinéraire prévu d’avance, avec un service d’ordre aguerri et des mots d’ordre clairs, peut atteindre ses objectifs (immédiats en tout cas), réduire à la portion congrue les minorités violentes qui auraient pu entacher le défilé de leurs actions illégales et contre-productives.

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Ces cortèges massifs et pacifiques, à Paris et dans le reste de la France, contrastent évidemment avec ceux des gilets jaunes, qui exprimaient une colère sincère mais refusaient toute logique de représentation ou de négociation et donnaient lieu à des débordements, facilités par une absence quasi totale d’organisation. On dira que ces violences ont obligé Emmanuel Macron à lâcher du lest (quelque 17 milliards…). Mais une fois ces concessions obtenues, le mouvement s’est poursuivi en vain.

Et surtout, la démonstration de force syndicale a déjà eu des effets : le gouvernement s’apprêterait à des concessions importantes dans l’espoir d’apaiser le mouvement, avec un Premier ministre qui se défend de vouloir «la confrontation». Si ces informations se confirment, l’adaptation des régimes spéciaux sera lissée dans le temps, les profs obtiendront des garanties et le pilotage du système sera délégué à un organisme paritaire. Ce n’est pas le retrait du projet. Mais ce sont des atténuations tangibles. Autrement dit, l’action sociale pacifique, à condition qu’elle soit massive, a aussi des effets. Une manière de faire rentrer dans le jeu ces «corps intermédiaires» qu’Emmanuel Macron a ostensiblement snobés au début de son mandat, à son grand détriment, mais qui sont les piliers décisifs de la démocratie sociale.

LAURENT JOFFRIN
Publié dans : Politique |le 6 décembre, 2019 |Pas de Commentaires »

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