Mauvaise pioche……………………(09/06/2017)

Londres (AFP) – La Première ministre conservatrice Theresa May a perdu jeudi la majorité absolue dont elle disposait au Parlement, selon les premières estimations, un résultat choc qui plonge le pays dans l’incertitude à quelques jours de l’ouverture des négociations du Brexit.
C’est une échec personnel pour Mme May, qui avait convoqué ces élections législatives anticipées en comptant en obtenir une majorité renforcée pour négocier la sortie de l’Union européenne.
Les Tories décrochent 314 sièges, contre 330 dans l’assemblée sortante, tandis que les travaillistes de Jeremy Corbyn gagnent 37 sièges, à 266 mandats, selon une estimation Ipsos/MORI à la fermeture des bureaux de vote à 21H00 GMT. Mme May disposait d’une majorité de 17 sièges dans le Parlement sortant.
Moins d’un an après le référendum pour la sortie de l’Union européenne, cette tenante d’un Brexit « dur » avait convoqué ces élections anticipées afin d’avoir les coudées franches pour négocier avec les 27 à partir du 19 juin. Mais les travaillistes de M. Corbyn, tenant de l’aile gauche et qui a mené une campagne jugée réussie, ont contrarié ces plans.
L’OBS
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Brexit : les Britanniques pris à leur propre piège
Brexit : les Britanniques pris à leur propre piège
Le merveilleux scénario rêvé par les plus enthousiastes des eurosceptiques britanniques au lendemain du référendum sur le Brexit a du plomb dans l’aile. En principe, la Première ministre, Theresa May, envoyée illico serrer la pince de Donald Trump, aurait dû renforcer la fameuse «relation spéciale» entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Pendant que l’Union européenne se dépêcherait de s’autodétruire, aidée en cela par l’élection en France de Marine Le Pen.
Les Britanniques, une fois de plus, auraient été les précurseurs d’un nouvel ordre mondial. Sauf que, patatras, rien ne fonctionne comme prévu. Le président américain se révèle un allié on ne peut plus imprévisible, voire gênant, notamment lorsqu’il ne peut contrôler les fuites de ses services de sécurité sur l’attentat de Manchester. Macron, farouche pro-européen, est désormais le président français. Et voilà que l’Europe bouge. Pas vers un effondrement mais, semble-t-il, un renforcement de ses alliances sous l’impulsion du tandem Macron-Merkel. Lequel se paye, de plus, le luxe de contrer Trump. Rien ne va plus et, outre-Manche, on ne cache plus un certain malaise.
Lors du récent sommet de l’Otan puis du G7, May est ainsi apparue singulièrement effacée. Elle est certes en pleine campagne (éléctions législatives le 8 juin) et devait gérer les suites de l’attentat de Manchester, mais cela ne suffit pas à expliquer son isolement. A moins que les tentatives britanniques de modifier des propositions de l’UE sur la lutte contre le dérèglement climatique, pour ménager Trump, n’y soient pour quelque chose. The Independent a révélé ces informations en citant des documents obtenus par Greenpeace EnergyDesk.
Qui plus est, les menaces de May, qui veut être une «femme fichûment difficile» dans les négociations sur le Brexit (19 juin), sont peu appréciées. «Elle nous a transformés en ogres auprès de l’Europe. Nous sommes la risée de tous», s’est désolée la députée travailliste Angela Rayner. Encore dans l’UE, mais sur sa tranche, désarçonné par un allié américain difficile, le Royaume-Uni ne sait plus sur quel pied danser. Le Brexit devait lui permettre de devenir un phare géopolitique. Mais les signes de ralentissement économique se font jour et le pays commence à réaliser que faire cavalier seul dans un monde troublé ne sera pas forcément évident.