Merci Sébastien………………………(09/10/2017)
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GM&S : après la casse sociale, le mépris de classe
GM&S : après la casse sociale, le mépris de classe
La scène se passe en Corrèze mercredi, pendant le déplacement d’Emmanuel Macron à l’école d’application aux métiers des travaux publics (EATP). «Il y en a certains, au lieu de foutre le bordel, ils feraient mieux d’aller voir s’ils peuvent avoir des postes [ailleurs, ndlr].» Coutumier de ce genre de sortie à l’emporte-pièce, Emmanuel Macron s’adresse à Alain Rousset. Le président de la Nouvelle-Aquitaine vient de mentionner l’existence d’emplois à pourvoir dans une fonderie à Ussel, en Corrèze. Mais sur le fond, c’est bien aux ouvriers creusois licenciés de l’équipementier automobile GM & S venus manifester pour se rappeler à son bon souvenir qu’il veut donner une leçon. Un brin gêné, Rousset répond : «On ne résout pas tout en forçant les gens.»
Calculée ou non, cette bourde médiatique qui vient enrichir le lexique macronien du mépris de classe a provoqué un immense sentiment d’humiliation parmi les 157 nouveaux chômeurs de La Souterraine en Creuse. Ils s’appellent Vincent, Jean-Marc, Jean-Paul, Franck, Vittor, Laurent ou encore Patrick… Ils ont entre 49 et 56 ans, ils sont pour certains usés ou blessés physiquement par leur métier, et ont parfois une femme qui a encore un boulot dans la région. «Alors quitter un bassin d’emploi sinistré pour un bassin d’emploi sinistré, non merci», résume l’un deux. Et d’abord qui voudraient d’eux, les gueules cassées de GM & S ? Majoritairement chargés de famille, ils sont également, pour les plus chanceux, propriétaires d’un logement indexé sur le marché haut-viennois au mieux, creusois au pire. Autant dire qu’en dehors de chez eux, ils ne possèdent pas grand-chose. Ussel c’est à 140 ou 200 kilomètres selon leur adresse. «Une broutille en métro», ironise l’un d’eux pour illustrer ce qu’il perçoit chez Emmanuel Macron comme «une absence totale de sens des réalités».
Il faut dire que «contrairement à ce que semble croire le Président, la fonderie, qui se pratique à Ussel, et l’emboutissage, qui se pratique à La Souterraine, n’ont rien à voir». Deux métiers qui ont autant en commun que la médecine vétérinaire et la médecine humaine. «Cette petite phrase, c’est indécent et indigne d’un président», gronde Vincent Labrousse. Figure de la lutte sociale creusoise, le délégué syndical CGT de GM & S est directement concerné par les licenciements : son poste est supprimé.
«Et la formation alors ?» se sont-ils entendus dire régulièrement par le ministère de l’Economie. A 51 ans, avec une femme infirmière en Haute-Vienne, Eric, dont les deux enfants sont aux portes du bac, ne se voit pas annoncer à sa famille qu’il «faut tout abandonner parce qu’il y a un boulot, presque pareil que le mien, mais pas vraiment, à 200 kilomètres de là».Il vient tout juste d’apprendre qu’il est licencié. Son travail de magasinier n’a pas disparu, «ce sont les chefs d’équipe qui l’assureront désormais, en plus du reste». Alors, se former, pourquoi pas ? Mais le problème, c’est qu’avec un bras droit invalide après un accident du travail chez l’emboutisseur creusois, il a peur «de n’intéresser aucun employeur, ni dans la fonderie, ni ailleurs».
Patrick Brun, licencié lui aussi, sans attache familiale à la cinquantaine, pourrait bien tenter sa chance. Mais voilà, dans cette usine corrézienne qui emploie 340 personnes, 90 sont des intérimaires et 18 postes seulement sont à pourvoir… «Je me vois pas aller leur piquer leur boulot alors qu’ils savent le faire et sont plus légitimes à être requalifiés en CDI», commente-t-il. Pour lui, «la vraie question est de savoir pourquoi dans une usine où il y a 18 postes à pourvoir, il y a encore 90 intérimaires». Car au-delà des petites phrases et des grands mépris, «il ne pose pas les questions sur le fond, ce président», observe-t-il. Pour lui «Macron, c’est l’enfant président. Un gosse avec une cuillère en or dans la bouche qui fait des caprices alors qu’il ne sait rien, mais alors, absolument rien de la vie». Si tel était le cas, remarquent les ouvriers, «il aurait su avant de parler qu’on ne peut même pas envoyer de CV à Ussel tant qu’on n’a pas purgé le délai de réflexion sur le dispositif de reclassement. Car tant qu’on n’a pas purgé ce délai, on n’est pas formellement chômeur». Apparemment, il faut un jour avoir vécu un licenciement économique pour le savoir.
Budget : la lettre du PS aux députés LREM pour semer le doute dans la majorité
LE SCAN POLITIQUE/DOCUMENT – Les députés socialistes ont envoyé mardi matin une longue lettre à leurs collègues de La République en marche pour les inviter à prendre leurs distances avec le projet de loi de Finances, dont l’examen commence cette semaine à l’Assemblée.
Les socialistes partent à l’attaque de la forteresse En marche!. La controverse qui s’installe autour de la réforme de l’Impôt sur la fortune (ISF) est une occasion en or pour Solférino d’enfoncer les lignes de l’exécutif. A commencer par le palais Bourbon où le groupe majoritaire est composé de nombreux anciens socialistes… qui goûtent peu aux cadeaux fiscaux envers les plus riches. Fort de ce constat, le groupe Nouvelle gauche (PS) a envoyé ce mardi matin une lettre à l’ensemble des députés LREM.
Le but est clairement de semer le doute chez ceux venus de la gauche. «Nous savons que pour nombre d’entre vous, le déséquilibre de ce budget est une surprise qui entre en contradiction flagrante avec vos engagements passés. Nombre d’entre vous, qui avez combattu avec vigueur le ‘’bouclier fiscal » de Nicolas Sarkozy, ne pouvez assumer d’être les auteurs d’une véritable ‘’armure fiscale »», y est-il écrit.
«Au-delà du symbole insupportable que constitue l’exonération des voitures et chevaux de course, des yachts ou des jets, c’est le choix de diminuer principalement l’imposition des plus riches qui est intenable», ajoutent Olivier Faure, le président du groupe PS et Valérie Rabault, députée PS spécialiste des questions budgétaires. Les socialistes jugent par ailleurs que «pour masquer l’effet ‘’président des riches », le gouvernement annonce une hausse du pouvoir d’achat des Français qui n’est qu’un trompe-l’œil». «Au total, affirment-ils, les baisses d’impôts pour les plus riches seront financées par la solidarité nationale et la hausse du pouvoir d’achat des salariés sera acquittée par les retraités».
«Au cours de la dernière campagne, vous avez aux yeux de nos concitoyens incarné le renouvellement et la promesse d’un ‘’nouveau monde ». Ce ‘’nouveau monde » ne peut être celui d’un Moyen-âge fiscal avec le retour de son cortège de privilèges», assènent les députés socialistes qui préviennent que la majorité LREM se trouve face «à un tournant». Et d’inviter les macronistes à faire preuve de liberté: «Avec la discussion budgétaire qui arrive, vous avez la possibilité de corriger les déséquilibres de ce projet de loi de Finances en supprimant les cadeaux fiscaux accordés aux plus riches pour soutenir réellement l’investissement et le pouvoir d’achat des Français».
«Ce rendez-vous, ce n’est pas avec le président de la République que vous l’aurez, mais avec les Français qui vous, qui nous regardent aujourd’hui avec scepticisme. À nous de les entendre et de répondre à leur exigence. La justice sociale n’est pas un luxe», concluent les socialistes qui présenteront mercredi un contre-budget. Un activisme qui leur permet de ne pas laisser à La France insoumise le monopole de l’opposition et de semer la pagaille dans la majorité.
APL, vapotage, retouche photo… Tout ce qui change au 1er octobre 1/14
© JOEL SAGET / AFP APL, vapotage, retouche photo… Tout ce qui change au 1er octobreLes APL baissent de 5 euros par mois
Les aides personnelles au logement (APL) sont réduites de 5 euros mensuels pour leurs 6,5 millions de ménages bénéficiaires à compter de dimanche. Fin août, le Premier ministre avait justifié ce coup de rabot, qui représente une économie mensuelle de 32,5 millions d’euros pour l’État, par la nécessité de réaliser les économies prévues dans le budget 2017. Le collectif « Vive l’APL » qui réunit une soixantaine d’organisations de défense des locataires et mal-logés et de bailleurs sociaux entend contester la légalité de ces textes devant le Conseil d’État.
Les tarifs du gaz augmentent
Les tarifs réglementés du gaz naturel, encore appliqués par Engie à plusieurs millions de clients en France, augmentent en moyenne de 1,2% au 1er octobre. Les tarifs réglementés augmentent de 0,4% pour les consommateurs qui utilisent le gaz pour la cuisson, de 1,2% pour ceux qui l’utilisent pour se chauffer et de 0,7% pour ceux qui en font un double usage chauffage et cuisson. Il s’agit de la première augmentation des tarifs réglementés depuis le mois de mars et elle s’explique par la hausse du prix du gaz sur les marchés de gros.
Le plafond du paiement sans contact est relevé
Le plafond du paiement sans contact passe de 20 à 30 euros pour les nouvelles cartes bancaires, à compter de dimanche. Ce nouveau plafond ne concerne pas les cartes bleues actuelles équipées du « sans contact ». Pour bénéficier de ce nouveau plafond, il faudra attendre l’émission d’une nouvelle carte bleue par votre banque. D’ici à 2020, toute les cartes bancaires actuellement en circulation dans l’Hexagone seront remplacées par une carte bancaire avec le système du paiement sans contact.
Le vapotage est interdit par endroits
Depuis dimanche, il est interdit de vapoter dans les moyens de transport collectif fermés, les établissements qui accueillent des mineurs (comme les écoles) et dans les open-space des entreprises (mais pas dans les bureaux individuels). Les employeurs sont tenus de mettre en place une « signalisation apparente » pour rappeler cette interdiction de l’utilisation de la cigarette électronique. Les contrevenants s’exposent à une amende maximum de 150 euros.
Une retouche photo doit être mentionnée
La mention « photographie retouchée » est désormais obligatoire sur tous les supports commerciaux qui comportent la photo d’un mannequin dont l’apparence corporelle a été modifiée par un logiciel de traitement d’images. Cette mention obligatoire concerne les supports publicitaires diffusés dans la presse, sur des affiche, sur Internet et sur des prospectus.
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Impôts : 5 milliards pour les riches, pour quoi faire?
Ce n’est plus une formule, c’est un mantra : «L’allégement de la fiscalité sur le capital n’est un cadeau pour personne, c’est un choix pour l’emploi.» A l’image de ce discours seriné par le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, la semaine dernière devant des journalistes à Bercy, le gouvernement va marteler cette position tout l’automne durant la discussion parlementaire sur le projet de loi de finances pour 2018, présenté ce mercredi matin en Conseil des ministres (lire page 5). Quitte à être accusé de mener une politique pour les Français les plus aisés, l’exécutif «assume» son choix : baisser la «pression fiscale» sur les contribuables les plus riches, leur offrir «une fiscalité stable, simple, légère», dixit Le Maire, sur leurs revenus tirés du capital et les inciter à «investir» ces sommes ainsi récupérées (près de 5 milliards d’euros selon les calculs de Bercy) dans les entreprises installées en France. Un pari économique qui peut très vite se transformer, faute de réussite, en boulet politique pour la suite du quinquennat.
L’idée consiste à transformer l’impôt sur la fortune (ISF) en un simple impôt sur la fortune immobilière (IFI). Au 1er janvier 2018, les valeurs mobilières (actions, obligations…) ne seront plus soumises à cet impôt qui touche les familles les plus riches du pays (celles qui ont plus de 1,3 million d’euros de patrimoine). Seuls les biens immobiliers resteront concernés, aux conditions actuelles de l’ISF. Par ailleurs, alors que François Hollande avait fait le choix d’aligner la fiscalité du capital sur le barème progressif de l’impôt sur le revenu, Macron choisit, suivant une promesse de campagne, de tout remettre à plat : dès l’an prochain, les revenus du capital (intérêts, dividendes, plus-values de cession de valeurs mobilières, nouveaux plans d’épargne logement de plus de douze ans et nouvelles assurances-vie au-delà de 150 000 euros pour une personne seule) seront taxés à taux forfaitaire de 30 %. «On veut rendre la fiscalité du capital plus neutre et ne pas désavantager certains placements qui pouvaient atteindre des taux marginaux d’imposition allant jusqu’à 65 %», indique-t-on dans l’entourage de Le Maire. Les produits d’épargne populaire comme le livret A ou les plans épargne en actions (PEA) ne seront pas soumis à ce prélèvement forfaitaire unique (PFU).
«Le modèle de Macron, c’est la Scandinavie beaucoup plus que l’Allemagne, argumente Philippe Aghion, professeur d’économie au collège de France et proche du chef de l’Etat. Dans les années 90, ils ont baissé l’impôt sur les sociétés à 20 % – on a prévu de le faire passer de 33 % à 25 % -, supprimé leurs taxes sur la richesse et instauré un prélèvement unique sur le capital de 30 %, tout en maintenant leur modèle social.» L’idée du gouvernement est aussi de rapprocher la France des standards européens : depuis des décennies, nous sommes deuxièmes au classement de l’Union européenne des pays ayant le plus fort taux de prélèvement du capital derrière… le Luxembourg.
C’est tout le pari de l’exécutif. Selon la logique martelée par Le Maire, «surtaxer» le capital «priver[ait] les entreprises des financements dont elles ont besoin pour investir, innover et créer des emplois». Puisque l’immobilier restera soumis à l’ISF et que certains placements seront moins taxés grâce au PFU, l’épargne irait vers des placements «plus risqués» car «plus rentables». «A moins d’avoir un comportement économique complètement irrationnel, si on dit aux gens qu’ils paieront moins d’impôts s’ils placent leur argent dans des actions d’entreprise, des start-up, dans les PME, il y a de fortes chances pour que cet argent des Français soit mieux orienté», défend le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin. Sauf qu’en supprimant l’ISF, l’exécutif se prive d’un dispositif qui permettait jusqu’ici de sortir 50 % d’un investissement dans une PME de son impôt sur la fortune. Du coup, les PME – qui constituent un placement risqué – pourraient perdre quelques financements intéressants dans l’affaire… «Peut-être y a-t-il des amendements à faire passer», reconnaît en creux Stanislas Guerini, député La République en marche de Paris. «On ne flèche pas cet argent mais, dans un monde où les taux d’intérêts sont très bas, le pari est que cet argent sera dirigé vers des placements productifs, donc vers les entreprises, et non sur des comptes épargne qui rapportent très peu», défend-on dans l’entourage de Le Maire. «C’est effectivement un pari sur l’avenir… Car vous ne pouvez pas forcer les gens à investir là où les gens n’ont pas envie d’investir, met en garde Pierre Madec, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Par ailleurs, il est paradoxal d’expliquer d’un côté qu’on veut créer un « choc d’offre » dans l’immobilier et dire ensuite que c’est un mauvais placement.» Vincent Touzé, autre économiste à l’OFCE, reste plus optimiste : «Si plus d’argent arrive, ça va remplir le réservoir des entreprises. Elles en feront bien quelque chose…»
C’est le présupposé du gouvernement et des organisations patronales. Or, selon une étude de la Banque de France publiée fin juillet, «les crédits mobilisés par les entreprises» étaient «en augmentation de 4,6 % sur un an». «Cette progression concerne toutes les catégories : + 2,4 % pour les PME, + 5,3 % pour les entreprises de tailles intermédiaires et + 3,9 % pour les grandes entreprises», précisait l’institution, au moment, où avec des taux d’intérêts historiquement bas, le coût du capital n’a jamais été aussi peu cher. «Elles n’ont pas tellement de problèmes d’accès au financement, elles ont un problème d’accès au capital, amende-t-on à Bercy. Regardez les capitalisations boursières des entreprises du CAC 40, elles sont détenues aux deux tiers par des fonds étrangers.» Et si les fonds d’investissements français ne se sont jamais aussi bien portés – en 2016, ils ont levé près de 15 milliards d’euros, + 50 % en un an -, c’est surtout grâce à des investisseurs étrangers. Selon l’Association française des fonds d’investissements (Afic), dans les quatre ans à venir, 9 milliards d’euros viendront financer des transmissions d’entreprises et 1,6 milliard d’euros pour des start-up.
Quant à la «faiblesse persistante de l’investissement […] depuis 2012», constatée par la Banque de France dans une note de janvier-février, c’est avant tout pour cause de «comportement attentiste» d’entreprises «préférant thésauriser leurs bénéfices plutôt qu’accroître leurs capacités productives». «Ce comportement est généralement expliqué par la faible demande qui dissuade les entreprises d’investir», conclut l’institution.
A certains entrepreneurs plus qu’aux entreprises elles-mêmes. En supprimant l’ISF sur les valeurs mobilières, le gouvernement empêche certains dirigeants de sociétés – exonérés s’ils en sont propriétaires – de se retrouver soumis à cette taxe sur la fortune ou poussés à s’installer fiscalement à l’étranger avant leur retraite. «Cette situation pouvait les encourager à partir», confirme Vincent Touzé de l’OFCE. Quant à la mise en place d’une «flat-tax» à 30 % sur les revenus du capital, elle permettra, insiste Philippe Aghion, à certains entrepreneurs d’avoir «des revenus à eux ou de réinvestir, d’acheter des robots, faire le choix d’emprunter» et «d’envoyer un signal en Europe disant : après le Brexit, il y a des opportunités en France».
Un ancien pensionnaire de Bercy sous François Hollande observe la manœuvre : «La fiscalité des entreprises ne va pas bouger. La seule fiscalité qui bouge, c’est celle des patrons propriétaires de leur entreprise et des grandes familles les plus riches.» Il poursuit, sourire en coin : «Sur ce sujet, vous avez la différence entre une politique de gauche – le choix que nous avions fait d’aligner la fiscalité du capital sur celle du travail – et celle choisie par ce gouvernement… de droite.»
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