Universités: vitesse et précipitation….
Pécresse a confondu vitesse et précipitation
Sarkozy reprend le dossier à sa jeune ministre et se réserve le rôle de l’arbitre.
QUOTIDIEN : mardi 26 juin 2007
On se calme. Le projet de réforme des universités menaçait d’exploser en vol : Nicolas Sarkozy a ordonné hier un atterrissage d’urgence . «Afin de mener à terme les concertations nécessaires», l’Elysée a reporté d’une semaine l’examen du texte de la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse.
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S’agissant de l’un des «grands chantiers de ce quinquennat», le porte-parole de la présidence, David Martinon, a expliqué que Nicolas Sarkozy avait décidé d’engager «une concertation avec les principales parties prenantes». Il doit recevoir aujourd’hui, jusqu’à ce soir, les fédérations de personnels et d’enseignants chercheurs puis les organisations étudiantes. Dans ces conditions, l’Elysée assure qu’il était impossible de déposer le texte au Conseil d’Etat, «sauf à considérer que ces entretiens ne servent qu’à amuser la galerie». Devant la délégation de présidents d’université qu’il recevait hier, Nicolas Sarkozy a toutefois assuré qu’il restait déterminé à légiférer dès cet été.
Il n’empêche : en décidant in extremis de retravailler un texte dont il a martelé pendant toute la campagne qu’il était la priorité des priorités, le chef de l’Etat corrige bel et bien sa ministre, démontrant une fois de plus qu’il entend veiller lui-même à la mise en oeuvre de ses réformes.
Entre un sommet européen et une conférence sur le Darfour, Sarkozy a entamé hier, en présence du Premier ministre, François Fillon, et de Valérie Pécresse une concertation avec trois vice-présidents de la CPU (Conférence des présidents d’université). Il avait décidé de prendre les choses en main vendredi soir, après que la communauté universitaire, réunie huit heures durant, avait émis un avis défavorable sur le projet de loi. Ce qui a inquiété l’Elysée, ce n’est pas tant que le syndicat étudiant Unef agite la menace d’un «affrontement avec la jeunesse» , ni que le Snesup-FSU, syndicat de professeurs, appelle à la «riposte» contre un texte menaçant selon lui «les fondements démocratiques de notre société». Si le Président est entré en scène, c’est parce que le texte défendu par Valérie Pécresse n’avait même pas le soutien des présidents d’université. La CPU n’a pas caché qu’elle était «très réservée», notamment sur le caractère optionnel de l’autonomie. Or sans l’adhésion des présidents, qui sont censés la mettre en oeuvre, cette réforme n’a aucune chance d’aboutir. Tout à son souci d’afficher sa détermination, Valérie Pécresse a négligé ce point. Fortement encouragée, il est vrai, par son Premier ministre : car, plus encore que Nicolas Sarkozy, François Fillon tient à ce texte. Ministre en charge du dossier en 1993 puis en 2005, il s’est juré de «rendre leur rayonnement» aux universités, de mettre fin à «vingt ans d’immobilisme». «Nous légiférerons cet été», martèle-t-il en toutes circonstances. Sa jeune ministre a donc foncé dans le tas, s’efforçant de tenir l’impossible calendrier qui lui était imposé. Avant qu’intervienne Nicolas Sarkozy, ne laissant décidément à personne d’autre le beau rôle : celui de l’aimable pacificateur, de l’arbitre dominant la mêlée.
