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Nouveau bac : ça passe… mais gaffe à la casse
Scène amusante. Mercredi après-midi, Jean Michel Blanquer présentait devant la presse sa fameuse réforme du bac. Dans la cohue des caméras venues immortaliser le moment présenté comme historique, le ministre de l’Education est tombé nez à nez avec un bataillon d’élèves de troisième, en stage d’observation avec les journalistes… Soit les premiers concernés : ils font partie de la génération qui passera pour la première fois ce bac nouvelle formule, prévue pour entrer en application en 2021 pour les filières générales et techno – le bac pro ne sera réformé que dans un second temps.
Depuis De Gaulle, ce rite de passage n’a jamais été réformé en profondeur. Aujourd’hui, l’enjeu est donc autant symbolique que politique. Pendant la campagne présidentielle, le candidat Macron s’était engagé à remodeler cet examen national, critiqué de toutes parts mais réputé intouchable. Ceux qui ont essayé dans le passé se sont tous heurtés au mur des syndicats d’enseignants et des associations représentant chaque discipline.
Aujourd’hui, la situation semble différente. Si les syndicats enseignants sont loin d’être tous enchantés par le projet de Blanquer, certains reconnaissent qu’une réforme est nécessaire. Et les autres, qui ne voient pas en quoi cette réforme simplifie le bac et qui redoutent qu’elle ne renforce les inégalités entre lycées, peinent à mobiliser. Frédérique Rolet, du Snes-FSU, le syndicat majoritaire : «On fait tout ce qu’on peut pour informer les collègues sur ce qui se prépare. Pour l’instant, ils n’ont pas saisi toutes les conséquences, peut-être parce que les annonces définitives n’avaient jusqu’ici pas été faites…» feint-elle d’espérer. La semaine dernière, la journée de mobilisation qui devait être un premier signal pour le gouvernement a fait un bide – la neige n’a pas aidé. Une nouvelle journée d’action est prévue ce jeudi.
Si le Snes a du mal à mobiliser, c’est aussi parce que le projet de cette réforme n’est pas très lisible. L’objectif affiché par Macron était d’abord de simplifier l’examen, très lourd et coûteux à organiser. «Oui, nous ferons des économies sur l’examen, des dizaines de millions. Nous allons décongestionner le lycée et, si j’ose dire, la société entière, en arrêtant de paralyser le mois de juin avec l’organisation du bac», s’est vanté Jean-Michel Blanquer mercredi devant la presse. Est-ce le seul objectif poursuivi par le gouvernement avec cette réforme ? Dans le rapport remis le 24 janvier par l’universitaire Pierre Mathiot, chargé par Blanquer de proposer des pistes, l’ambition affichée paraissait tout autre : derrière les modifications apportées à l’examen se dessinait une refonte de l’architecture du lycée. Un lycée à la carte, où chacun composerait à sa guise son emploi du temps.
Sans aller aussi loin, Blanquer fait tout de même un pas dans ce sens. Il dégomme les filières classiques S, ES et L et les remplace par des «spécialités». Les élèves de terminale devront désormais en choisir deux… parmi les combinaisons proposées dans leur lycée. C’est sur ce point que se concentrent les interrogations, et la crainte d’une réforme aggravant (encore) les inégalités : tous les lycées auront-ils les moyens de proposer la même offre de formation ? Les «doublettes» de spécialités communes à tous les lycées ne reviendront-elles pas à un équivalent des séries actuelles ? Et surtout, quelles seront les conséquences sur la poursuite d’études dans le supérieur ? Car cette réforme du bac prend tout son sens quand on la raccroche à l’autre chantier mis en place au pas de course par le gouvernement : la plateforme Parcoursup et les nouvelles conditions d’accès à l’université (les fameux «attendus»), étroitement liées aux enseignements suivis par l’élève au lycée.
Ce qui change. Pour les candidats au bac technologique, pas de modification en vue. Ils conservent leur «oral de projet» dans sa forme actuelle. En revanche, petite révolution pour les candidats à un bac général : ils passeront désormais un oral de vingt minutes devant un jury de trois personnes. Les candidats devront présenter un projet, mené dès la classe de première et qu’ils prépareront d’abord en groupe, puis seuls. Un temps de l’oral sera consacré à un échange avec le jury pour mesurer leur expression orale. Blanquer aimerait que l’on appelle cette épreuve «oral de maturité».
L’objectif. «Savoir s’exprimer dans un bon français, clair et argumenté, est une compétence importante pour la vie professionnelle.» Le ministre reprend là l’une des propositions phares du rapport Mathiot, remis fin janvier. Il s’agit de permettre à tous les élèves, d’où qu’ils viennent, de travailler leur expression orale, car «pendant les années lycée, le système sera plus orienté vers l’obtention de cette compétence», a-t-il insisté à l’adresse des sceptiques.
Les dangers. La question des inégalités ressurgit. Evaluer la façon dont les élèves s’expriment, n’est-ce pas avantager ceux qui ont eu la chance de grandir dans un milieu favorisé ? Le sociologue Pierre Merle en est convaincu : «Les pratiques d’expression orale sont fortement liées aux codes sociolinguistiques, maîtrisés différemment selon les milieux sociaux, et ces codes sont plus restreints parmi les enfants de catégories populaires», rappelait-il mercredi dans les colonnes de Libé. Mathieu Ichou, chercheur en sociologie de l’éducation et des inégalités à l’Institut national d’études démographiques, relève un deuxième facteur de discrimination : les critères de notation, plus délicats à établir, car «l’évaluation d’un oral est toujours plus difficile que celle d’un écrit».
Ce qui change. Les épreuves du bac ne seront plus concentrées sur le seul mois de juin. Elles vont s’étaler dans le temps. Le français (avec un écrit et un oral) est maintenu à la fin de l’année de première comme aujourd’hui. Pour le reste, les élèves passeront en terminale quatre «épreuves finales» : d’abord leurs deux matières de spécialité au retour des vacances de printemps, puis, au mois de juin, l’indéboulonnable philo et le tout nouveau grand oral. «La philosophie devient la matière commune par excellence», a insisté Jean-Michel Blanquer, invoquant l’esprit des Lumières. Ces six épreuves (les deux de français, la philo, les spécialités et le grand oral) représenteront 60 % de la note finale. Les 40 % restants relèveront de ce que Blanquer appelle le «contrôle continu». Il désigne en réalité des épreuves anticipées, qui pourraient être organisées en janvier et avril l’année de première, et en décembre l’année de terminale (30 % de la note). Le contrôle continu (les bulletins scolaires) n’est en fait réellement présent qu’à hauteur de 10 % de la note finale.
L’objectif. Macron avait pris l’engagement pendant la campagne présidentielle de simplifier une bonne fois pour toutes cet examen, qui exige une organisation titanesque et met chaque année prématurément en vacances les élèves de seconde. Les épreuves étalées dans le temps permettront aussi de verser les notes dans la nouvelle plateforme Parcoursup et leur prise en compte dans l’orientation pour le supérieur.
Les dangers. «Il faudra quand même m’expliquer en quoi cette nouvelle organisation va simplifier les choses…» réagit, amère, Frédérique Rolet, la cosecrétaire du Snes-FSU, syndicat majoritaire des enseignants du secondaire. Sa crainte : que cette nouvelle organisation ne place les élèves dans une situation permanente d’examen. Autre risque souvent évoqué quand on parle de contrôle continu : les inégalités de traitement entre élèves. Cela dit, les 30 % de terminale en filière professionnelle passent depuis des années une partie du bac en contrôle continu sans que cela n’offusque personne. Pour parer la critique, Blanquer a annoncé pour les épreuves passées pendant l’année «des copies anonymisées et corrigées par d’autres professeurs que ceux de l’élève». L’historien Claude Lelièvre ricane : «Cela ne s’appelle pas du contrôle continu ! Ce n’est qu’une forme déguisée d’examen final.»
Ce qui change. La réforme touche par ricochet l’organisation du lycée. Ciao, les séries littéraire, économique et social, scientifique. A la place, il y aura un tronc commun (de 15-16 heures) : le français, la philo, l’histoire-géo, deux langues vivantes, le sport. Ainsi qu’une nouvelle discipline, les «humanités numériques et scientifiques» (2 heures par semaine) où l’on parlera bioéthique et transition énergétique. Les élèves devront aussi choisir trois spécialités en première, ramenées à deux en terminale (12 heures par semaine) : arts, écologie-agronomie-territoires, histoire géo-géopolitique et sciences politiques, humanités-littérature-philosophie, langues et littératures étrangères, mathématiques, numérique et sciences informatiques, SVT, sciences de l’ingénieur, sciences économiques et sociales (SES) et physique-chimie. Des options facultatives complètent le dispositif.
L’objectif. Rééquilibrer les disciplines, et en finir avec la suprématie de la filière S. Pour Jean-Rémi Girard, vice-président du Syndicat national des lycées et collèges (minoritaire), «en proposant plus de variété, on sort de l’idée qu’il y a une voix royale». Stéphane Crochet, de l’Unsa, est lui aussi plutôt enthousiaste : «On enlève les étiquettes. Cela n’empêchera pas les élèves de retrouver les mêmes enseignements que dans les séries actuelles. Mais cela ouvre le jeu, en créant des combinaisons impossibles aujourd’hui.»
Les dangers. Là encore, la question de l’inégalité revient au galop. Car chaque lycée ne pourra pas proposer l’intégralité de la trentaine de «doublettes» possibles… Le ministère répond que toutes les combinaisons seraient disponibles dans un bassin géographique donné. Et que donc, il suffira aux élèves motivés d’étudier dans un autre lycée que leur établissement de secteur. Le ministre s’est engagé à donner des moyens supplémentaires aux lycées défavorisés pour qu’ils puissent proposer une doublette originale en plus, comme art-sciences informatiques, et ainsi être attractifs. Clara Jaboulay, présidente du syndicat lycéen UNL (minoritaire), enrage : «Quand on voit déjà la galère aujourd’hui avec des profs qui manquent, pas remplacés faute de moyens… Cette réforme va rajouter encore plus de disparités. Et avec de lourdes conséquences dans la poursuite d’études !» Sachant qu’avec Parcoursup, le portail d’affectation des bacheliers qui remplace APB, les fameux «attendus» (compétences prérequises) sont déterminants.
EDUCATION A quelques jours de la rentrée, les tensions sont déjà vives entre le ministre de l’Education et les syndicats d’enseignants…
Publié le 25/08/17 à 15h07 — Mis à jour le 25/08/17 à 15h07
Le ministre n’a pas bien révisé ses fiches ? La méthode de lecture dite globale n’est plus appliquée dans les écoles primaires depuis des décennies, rappellent les syndicats d’enseignants au ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer, qui a dit vouloir promouvoir un apprentissage « de type syllabique », et non global.
La méthode globale « est totalement abandonnée » et les propos tenus par le ministre dans un entretien à L’Obs cette semaine « nous inquiètent » car « ils reflètent une totale méconnaissance de ce qui se passe à l’école », a déclaré vendredi à l’AFP Francette Popineau, co-secrétaire générale du premier syndicat des enseignants du primaire, le Snuipp-FSU.
« Est-ce de la méconnaissance ou la volonté de manipuler l’opinion (…) en faisant croire que les enseignants appliquent la méthode globale, que l’école fait n’importe quoi et qu’on va remettre de l’ordre dans tout ça ? », s’est-elle interrogée.
Dans L’Obs, le ministre de l’Education déclare que « pour la lecture, on s’appuiera sur les découvertes des neurosciences, donc sur une pédagogie explicite, de type syllabique, et non pas sur la méthode globale, dont tout le monde admet aujourd’hui qu’elle a eu des résultats tout sauf probants ». La méthode syllabique est classiquement illustrée par l’exemple « b.a. ba ».
Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa, autre syndicat enseignant, qualifie les propos de Jean-Michel Blanquer d’« étonnants ». Le ministre « se présente comme celui qui va mettre un terme à une école… qui n’existe plus », s’est étonné Stéphane Crochet. « Cela fait très longtemps que la lecture est enseignée par une méthode combinatoire », qui fait appel au déchiffrage des syllabes via les sons et à la compréhension du texte.
Car la difficulté des petits Français, que soulignent régulièrement les études internationales de type Pisa, n’est pas le déchiffrage des mots, mais la compréhension des textes. La méthode lecture dite globale a été suivie par une partie des instituteurs dans les années 70 mais a été très vite abandonnée en raison de l’échec qu’elle engendrait. Elle consistait à enseigner la lecture par la mémorisation de mots dans leur globalité.
Aujourd’hui, les enfants en maternelle apprennent « à reconnaître » quelques mots avant l’entrée en CP, tels que les jours de la semaine, « école », « dans », « de », un petit bagage sur lequel s’appuie l’enseignant du CP lors des deux ou trois premières semaines, pour donner à comprendre le sens d’une phrase simple, explique Francette Popineau. « Mais on fait très vite « du son ». Vous ne trouverez pas un enseignant qui ne fait pas « de son » », soupire-t-elle, reprochant au ministre un discours « politique » et « populiste ».
Mis à jour le 07/06/2017 | 07:39
publié le 07/06/2017 | 05:55
Cela ressemble un peu à une opération de détricotage. A peine nommé, le nouveau ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, entend déjà revenir sur deux des grandes réformes lancées sous le quinquennat de François Hollande. A savoir les rythmes scolaires et la réforme du collège. Un projet de décret, permettant le retour à la semaine de quatre jours, va d’ailleurs être soumis à un vote, jeudi 8 juin, au Conseil supérieur de l’éducation (CSE). Franceinfo revient sur les principaux chantiers initiés, en matière d’éducation, depuis 2012, et surtout ce qu’il en reste depuis l’élection d’Emmanuel Macron.
La réforme. Annoncée en 2013 et mise en place partout à la rentrée 2014, les nouveaux rythmes scolaires sont une des mesures phares du précédent gouvernement. C’est aussi celle qui a suscité une levée de bouclier. Avec la réforme, les élèves du primaire vont à l’école quatre jours et demi par semaine. En plus des quatre jours habituels, le mercredi matin ou le samedi matin, est travaillé. La réforme introduit également trois heures d’ateliers périscolaires. Ces activités sont organisées par chaque municipalité avec une aide financière fournie par l’Etat.
Ce qu’elle devient. Retour en arrière et menu à la carte. Dès la rentrée 2017, les villes qui le souhaitent pourront revenir à la semaine de quatre jours, après concertation avec les parents et aval de l’inspection d’académie. Le décret, qui offre cette possibilité, doit être publié dans l’été. Des villes comme Marseille, Nice ou encore Furiani (Corse) ont déjà annoncé un retour aux quatre jours. Elles peuvent aussi, bien sûr, décider de maintenir les rythmes actuels. Mais il n’est pas sûr du tout, qu’après 2019, les aides de l’Etat soient maintenues pour financer les activités périscolaires, rappelle Le Monde.
La réforme. Elle vise à lutter contre l’ennui supposé des élèves. Pour y parvenir, la réforme des collèges a introduit les EPI, les enseignements pratiques interdisciplinaires. Les professeurs de différentes matières travaillent ensemble dès la 5e dans huit domaines comme le « développement durable », »sciences et société », « corps, santé et sécurité », « langues et cultures de l’Antiquité ». L’idée est de mêler autour d’une même thématique plusieurs disciplines. Avec la réforme, les classes bilingues et les sections européennes ont été supprimées. Le latin et le grec n’ont pas disparu partout, mais la voilure a été largement réduite, puisque ces langues ne bénéficient plus de financement spécifique. En revanche, une deuxième langue est étudiée dès la 5e, un an plus tôt qu’auparavant.
La réforme. Depuis la rentrée 2015, ne les appelez plus ZEP (zone d’éducation prioritaire), mais REP ou REP+ (réseau d’éducation prioritaire). En réalité, la nouvelle carte de l’enseignement prioritaire à travers les REP et une version renforcée de ces derniers, les REP+, était censée remplacer les ZEP, mais aussi toutes les politiques et les programmes en la matière. Dans ces classes de REP et REP+, les effectifs sont censés ne pas dépasser 25 élèves, rappelle Le Figaro.
Ce qu’elle devient. Dans son programme sur l’éducation, Emmanuel Macron ne revient pas sur la carte de l’enseignement prioritaire. En revanche, dans les classes de CP et CE1, les effectifs doivent passer à douze élèves et ce, dès la rentrée 2017 dans les REP+. Les syndicats craignent que le dédoublement des classes remplace le dispositif « plus de maîtres que de classes », mis en place dans les CP et CE1 de REP et de REP+ sous le quinquennat Hollande. Cette mesure consiste à affecter un enseignant supplémentaire en renfort dans ces écoles.
Ce qui a été fait. François Hollande avait promis la création de 60 000 postes dans l’Education nationale. En 2017, 12 800 postes ont été créés. Si on y ajoute les 47 200 emplois déjà créés depuis 2012, l’objectif est atteint, rapporte Le Monde. Des moyens supplémentaires donc, mais pas répartis de la même manière partout. « Ils ont été concentrés dans les territoires qui en avaient le plus besoin », a précisé Najat Vallaud-Belkacem, l’ancienne ministre de l’Education nationale, lors de la présentation du budget 2017, le 28 septembre.
Ce qui est prévu. Emmanuel Macron veut poursuivre le recrutement des professeurs, mais dans une moindre mesure par rapport au quinquennat de François Hollande. Le président de la République table sur la création de 4 000 à 5 000 postes.
VIDEO. Loi travail : un lycéen mis en examen pour tentative d’homicide sur un policier
Le jeune homme, au casier judiciaire vierge, a été placé en détention provisoire et risque un jugement devant une cour d’assises.
«C’est un signal qu’on attendait» a réagi ce dimanche sur France InfoThierry Spitz, représentant du syndicat Alliance Police dans les Pays de la Loire, après cette mise en examen. «Cela fait deux mois que les manifestations ont commencé et que les forces de l’ordre subissent des agressions répétées et multiples» poursuit-il. «C’est un signal extrêmement fort de nos autorités aussi bien politiques que judiciaires qui vient d’être donné et cela va dans le bon sens pour nous si on veut endiguer ce phénomène» insiste Thierry Spitz.
Le lycéen est accusé d’avoir participé au lynchage d’un policier lors d’une manifestation contre la loi travail. Les faits remontent au 3 mai dernier lors d’un rassemblement à Nantes (Loire-Atlantique). Plusieurs centaines d’opposants à la loi travail, 700 au plus fort selon la police, s’étaient affrontés aux forces de l’ordre. Au fil de la manifestation, plusieurs échanges de projectiles et gaz lacrymogènes ont eu lieu avec les forces de l’ordre. Lors de ces heurts, le jeune homme s’en serait pris avec plusieurs autres individus à un commandant de police qui s’était retrouvé isolé. Il était tombé en recevant un coup porté par derrière. Frappé à coups de barre de fer alors qu’il était à terre, le policier avait été conduit à l’hôpital. Il était ressorti de l’hôpital avec le nez cassé et une quinzaine de points de suture sur la tête et le visage.Selon Stéphane Léonard, secrétaire du syndicat Unité Police en Loire-Atlantique, interrogé sur France Info on est passé ce jour là «à côté d’un drame.»
Compromis
Par Grégoire Biseau
Mis à jour le 04/05/2016 | 20:43, publié le 04/05/2016 | 20:33
L’examen du projet de loi Travail à l’Assemblée nationale s’annonce long, très long. L’exercice, débuté mardi 3 mai, va surtout être marqué par l’étude des 4 983 amendements déposés par les députés. Mais comment parvient-on à un tel chiffre ? En multipliant les précisions et les propositions, certes, mais aussi en recourant à un stratagème moins constructif : le copier-coller, comme l’a constaté « L’œil du 20 heures ».
Ainsi, au moins un tiers des amendements sont des copiés-collés. A ce petit jeu du recopiage, deux groupes d’opposants n’ont pas chômé. Tout d’abord, les frondeurs du PS, dont 134 des 450 amendements sont des copies. Dix-sept amendements déposés par Laurent Baumel sont strictement les mêmes que ceux signés par sa collègue Fanélie Carrey-Conte. Mais les champions sont les députés communistes et Front de gauche. Sur 2 412 amendements déposés, au moins 1 792 sont des copiés-collés.
« On fera de l’obstruction », assume le député communiste François Asensi.« L’essentiel, c’est d’essayer de faire en sorte que cette loi ne passe pas en l’état, parce qu’elle est catastrophique pour le monde du travail », abonde sa collègue Marie-Georges Buffet. Chez les défenseurs de la loi Travail, on s’attend donc à une belle course de lenteur.
Propos recueillis par C.G. et P.Th. | 03 Mai 2016, 00h00 | MAJ : 03 Mai 2016, 08h35
À compter de ce mardi, Myriam El Khomri défend son projet de loi très contesté.
Mais la ministre du Travail n’entend pas céder à la rue. « Je suis impatiente », répète-t-elle en boucle.
Il manque près de 40 voix pour obtenir une majorité. Confirmez-vous ces estimations ?
MYRIAM EL KHOMRI. C’est un pointage à une date dite. Le respect que je porte à l’Assemblée me conduit à penser que du dialogue et de l’échange peut découler une évolution majoritaire. Mon objectif est de convaincre les parlementaires de la majorité. Ce texte est un acte de confiance dans le dialogue social au plus près du terrain.
Envisagez-vous la possibilité d’un recours au 49-3 ?
Je veux parler du texte et non pas du contexte, pour sortir des postures, des slogans. Nous avons déjà fait largement évoluer ce projet de loi. La Constitution prévoit cet outil. Mais je refuse de faire planer la menace.
Donc, vous excluez d’y avoir recours ?
Je ne suis pas dans cette perspective. On verra comment les choses se déroulent.
Votre démission sera-t-elle sur la table en cas de 49-3 ?
Pour moi, le débat a vocation à enrichir le texte, pas à le dénaturer. Mais je ne confonds pas les propositions qui doivent être étudiées et les obstructions qui visent à empêcher et à retarder.
Sur quels « points durs » le gouvernement est-il prêt à lâcher ? Le licenciement, par exemple ?
Je ne ferme pas la porte à des évolutions. Il faut lever une incompréhension. Beaucoup ont dit qu’il s’agissait de faciliter le licenciement, ce n’est absolument pas le cas. Nous allons l’encadrer. Il y a aujourd’hui un recours abusif aux ruptures conventionnelles, notamment dans les TPE. La loi vise à corriger cela, car les salariés sont mieux protégés s’ils sont licenciés pour motif économique.
Une partie de la gauche demande à porter le périmètre d’appréciation des difficultés économiques d’une entreprise à l’international. Allez-vous la suivre ?
Les choses ne sont pas tranchées à ce stade. C’est une des mesures portées par Emmanuel Macron. Sa volonté était de nous aligner sur les autres pays européens. C’est aussi un signal aux investisseurs étrangers. En revanche, il faut veiller à ce qu’il n’y ait pas de licenciements boursiers.
Et le référendum en entreprise, autre chiffon rouge…
Consulter les salariés sur leur quotidien, à la demande des organisations syndicales, ce n’est pas les contourner mais renforcer leur légitimité. Cela répond aux aspirations des citoyens de pouvoir s’exprimer, y compris dans l’entreprise.
Les accords d’entreprise ne risquent-ils pas de léser certains salariés ?
Quel syndicat majoritaire signera un accord défavorable aux salariés ? Notre démarche est de laisser plus de place à la négociation. Et s’il n’y a pas d’accord, le droit actuel s’applique.
Manuel Valls a promis une surtaxation des CDD. Comment cela va-t-il se traduire ?
Un article de loi dit déjà que les partenaires sociaux « peuvent » moduler les cotisations. Ce sont les partenaires sociaux eux-mêmes, dont les organisations patronales, qui l’ont introduit en 2013. Nous mettrons dans la loi qu’ils doivent s’engager. A eux d’en définir les modalités.
On assiste à une radicalisation du mouvement social. Est-il en train de basculer ?
Il est important de ne pas confondre manifestants et casseurs. Les manifestants font usage d’un droit, les casseurs veulent renverser les institutions. Ils sont dans une démarche destructrice, qui n’a rien à voir avec le contenu du projet de loi.
Comment sortir de cette situation ?
L’heure du Parlement est venue et permettra d’enrichir ce texte. Faut-il céder à la rue et retirer le texte ? Non.
Avez-vous des regrets ?
Les arbitrages tardifs sur le licenciement économique ont fait oublier tout le travail de concertation réalisé depuis six mois. Ce fut notre erreur initiale.
Cette proposition devait figurer dans la loi Macron 2, qui n’a pas vu le jour…
Emmanuel Macron a porté cet article. Mais les arbitrages ont été rendus par le président de la République et le Premier ministre, en présence d’Emmanuel Macron, de Michel Sapin et de moi-même. Ils doivent être assumés collectivement. Quand on est responsable, on assume. Les erreurs, je les assume.
Au nom des autres ?
Je les assume, oui. J’appartiens à une équipe. La politique, ce n’est pas une aventure individuelle.
Dans son bureau de la rue de Grenelle, un gros bouquet de muguet — le porte-bonheur du 1er Mai — veille sur sa bonne fortune. Pour mener à bien les débats sur son projet de loi Travail qui débutent à 16 h 15, Myriam El Khomri mise plutôt sur un minutieux travail préparatoire. Avant d’affronter le chaudron de l’hémicycle, la jeune (38 ans) ministre du Travail a épluché les débats sur les lois Rebsamen et Macron, mais aussi ceux qui se sont déroulés sur son texte en commission des Affaires sociales. Objectif : connaître les points durs et les positions de chacun. Lundi, elle a mis la dernière main à son discours. Et échangé avec ceux qu’elle présente comme « ses deux pères en politique », Daniel Vaillant, député PS du XVIIIe arrondissement, et Bertrand Delanoë, ancien maire de Paris. « Ce sont eux qui ont forgé mes valeurs en politique : la constance, la rigueur intellectuelle, le collectif, la loyauté. C’est auprès d’eux, dans des moments aussi importants, que je me ressource », nous confie-t-elle. A la veille du combat, des rendez-vous plus politiques, avec les frondeurs Benoît Hamon et Christian Paul, figuraient également à son agenda. La semaine dernière, elle a vu les aubrystes, dont le vote sera crucial. Un marathon s’annonce jusqu’au 17 mai, et il faudra aussi tenir le coup physiquement. A-t-elle un truc ? Elle rit. « Vous dire que je dors beaucoup… Non. Je bois un jus d’orange et puis voilà… » Sourire plaqué sur le visage, elle affiche sa bonne mine et sa volonté d’en découdre : « J’ai la pêche ! »
QUESTION DU JOUR. Loi Travail : le gouvernement va-t-il devoir passer en force ?