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Pôle Emploi : «On ne s’y prendrait pas mieux pour tuer un service public»
Secoués par les informations publiées mardi par le Parisien sur un probable «dégraissage» massif à Pôle Emploi, avec des milliers de postes supprimés, les syndicats préparent la riposte, explique Jean-Charles Steyger, secrétaire général de la FSU Pôle Emploi. Mercredi, ils se réuniront en intersyndicale pour exiger un démenti de leur direction générale.
On n’a aucune info, on a appris ça entre la biscotte et le café, mardi matin, en lisant la presse… Certes, depuis quelque temps, on sent bien que des choses se préparent. Quand la ministre du Travail a annoncé, il y a quelques mois, qu’elle ne commenterait plus les chiffres du chômage publiés chaque mois par Pôle Emploi, on a eu quelques inquiétudes, notamment pour le service statistiques, qui semble aujourd’hui dans le viseur. La semaine dernière, lors d’un comité central d’entreprise, nous avons interrogé la direction sur notre avenir. Mais on nous a juste répondu qu’il n’y avait rien de particulier. Sauf que, quelques jours plus tard, la ministre annonce qu’il y aura bien une réduction d’effectifs à Pôle Emploi, car le chômage baisse. Ce que semble confirmer notre direction, même si elle évoque des licenciements réduits. Or, depuis huit ans, le nombre de chômeurs n’a cessé d’augmenter et on nous a toujours dit qu’on ne pouvait rien faire en termes d’effectifs. Comme quoi, ça ne marche que dans un sens…
Non, aujourd’hui, rien n’est privatisé à Pôle Emploi, mais plusieurs missions sont sous-traitées, notamment une partie de l’accompagnement des chômeurs. Là aussi, nous ne serions qu’à moitié surpris par un tel projet. La nomination au ministère de l’Economie de Bruno Le Maire qui, pendant la primaire de la droite, s’était prononcé en faveur de la privatisation de Pôle Emploi, nous avait alertés. On sait bien que la politique de Macron, c’est l’ultralibéralisme. Une politique qui vise à tout libéraliser, que ce soit l’école ou l’accompagnement des chômeurs. Mais pourquoi démonter un outil qui fonctionne ? Nous avons de bons résultats, notamment pour l’accompagnement et la formation.
Ce sont les politiques publiques que nous dénonçons régulièrement, celles qui visent un traitement purement statistique du chômage. Mais pas le travail des agents. En termes de placement des chômeurs, on fait deux fois mieux et un peu moins cher que le privé. Mais la libéralisation du placement, c’est un marché juteux de près d’un milliard d’euros…
Nous sommes bien sûrs inquiets pour l’emploi à Pôle Emploi. D’autant que 90% des agents sont aujourd’hui sous contrat de droit privé et qu’il sera plus facile de les licencier avec les nouvelles ordonnances Pénicaud. Mais l’enjeu est aussi celui du service public. Demain, si on s’oriente vers un modèle anglo-saxon privé, les plus faibles risquent d’être oubliés. Les entreprises qui seront payées aux résultats ne vont pas s’embêter avec ceux qui seront les moins employables. L’universalité du service public est donc en jeu, et tout cela pour des raisons purement technocratiques, de budget. On ne s’y prendrait pas mieux pour tuer un service public ! Mais le moment est à la riposte. Dès demain, nous allons nous réunir en intersyndicale. Vendredi, un nouveau comité central d’entreprise est prévu. Et il risque d’être un peu secoué.
Mis à jour le 31/08/2017 | 22:07
publié le 31/08/2017 | 21:59
Selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting* pour franceinfo et Le Figaro, 52% des Français se montrent favorable à l’idée de la réforme du Code du travail.
L’enquête ayant été réalisée avant la révélation à Matignon, jeudi 31 août, du contenu précis des ordonnances de la réforme, les sondés ont été interrogés sur les principales mesures de la réforme.
« Quatre des cinq mesures testées suscitent une très forte adhésion de l’opinion », indique le sondage Odoxa-Dentsu Consulting. « C’est singulièrement le cas de l’élargissement du CDI de projet à d’autres secteurs que celui du bâtiment (71%), mais c’est aussi valable pour les mesures concernant la réforme du dialogue social dans les entreprises. »
Ainsi, 69% des sondés sont favorables à la possibilité, dans les petites entreprises, de conclure un accord avec un représentant du personnel hors syndicat, ou encore à la possibilité d’organiser un referendum d’entreprise à l’initiative de la direction. Enfin, 61% des personnes interrogées sont favorables à l’inversion des normes.
En revanche, il y a une mesure qui ne passe pas auprès des Français : le plafonnement des indemnités prud’homales. 57% des personnes interrogées « restent hostiles » à cette mesure, qui a été confirmée par le gouvernement lors de la révélation des ordonnances à Matignon, jeudi.
« Le rejet est tout aussi majoritaire à gauche (68%) qu’au Front national (60%) et s’avère particulièrement puissant auprès de salariés (67%), des ouvriers (70%) et des Français en fin de carrière professionnelle (65% auprès des personnes âgées de 50 à 64 ans) », rapporte Odoxa-Dentsu Consulting.
Pour Gaël Slimane, le président d’Odoxa, « à lui seul, cet élément suffit à totalement discréditer l’ensemble de la portée de cette réforme aux yeux des Français. On verra dans les semaines qui viennent s’il y a du lest qui est lâché aux syndicats sur cette question spécifique ou si le gouvernement et Emmanuel Macron tiennent bon là-dessus. »
Toujours selon le sondage Odoxa-Dentsu Consulting, six personnes sur dix pensent que le président ne cédera pas face aux syndicats et qu’il ira jusqu’au bout.
Par ailleurs, 57% des Français « donnent raison à Emmanuel Macron pour ses propos sur les Français et les réformes [le 24 août, le chef de l’État a déclaré que ‘les Français détestaient les réformes’] et 60% pensent qu’il ne cèdera pas face aux syndicats ».
* Enquête réalisée auprès d’un échantillon de Français interrogés par Internet les 30 et 31 août, avec un échantillon de 995 personnes représentatif de la population de 18 ans et plus, parmi lesquelles 231 sympathisants de gauche et 107 sympathisants En Marche, 131 sympathisants de droit hors FN, et 163 hors FN.
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Trou béant
Mais cette méthode dispendieuse a aussi un immense et double avantage : elle fait revenir sur le marché du travail des personnes que les difficultés de la vie ou de l’économie ont tenues à l’écart pendant longtemps. Elle est imparfaite mais elle est un indiscutable facteur d’intégration sociale. Elle permet aussi, quoi qu’en disent les orthodoxes du libéralisme, de remplir, à moindre coût pour les écoles, les associations ou les collectivités locales, des tâches de service public dont personne ne peut affirmer qu’elles sont inutiles. Or voici que le gouvernement, dans un souci d’économie budgétaire, vient d’en supprimer une grande partie d’un simple trait de plume. Comme si, par enchantement, ces emplois transitoires allaient être remplacés par «de vrais emplois». C’est tout le contraire qui se produit : dans cette «France périphérique» dont on déplore rituellement l’abandon par les autorités, dans ces écoles rurales ou de quartier, dans ces villages déjà désertés par les services publics, la mesure laisse un trou béant dans le filet de protection qui maintient, tant bien que mal, un semblant d’équilibre. Le budget s’en portera peut-être mieux. Le lien social et les territoires fragiles, certainement pas.
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Neuf ordonnances, « dont certaines portant sur des points jamais évoqués ». C’est ce que contient « l’avant-projet » de la réforme du Code du travail qu’entend mener le gouvernement Macron, affirme ce lundi « Le Parisien », qui s’est procuré « une version de travail de 10 pages » datée du 12 mai 2017. Dans la matinée, le gouvernement a assuré que ce document n’émanait pas de lui, sans pour autant le désavouer sur le fond.
Dans l’esprit, cet avant-projet de loi est fidèle aux priorités affichées par Emmanuel Macron pendant toute sa campagne présidentielle : il entend « faciliter la création d’emplois grâce à une meilleure fluidité du marché du travail », et ce, par ordonnance si c’est nécessaire. Mais, sur certains points, il va bien au delà de ce qui avait été annoncé…
Autre point intéressant, il détaille aussi l’agenda de réformes en 100 jours, du 28 juin au 20 septembre, imaginé par le gouvernement.
Pôle Emploi, moteur à injonctions
Sauf qu’un chômeur n’est pas un jeune loup sorti d’école de commerce. Il ne se réveille pas le cœur léger, ne chante pas sous la douche en rêvant à ses «objectifs» et ses «envies». A mesure que les mois passent, il a plutôt les idées noires, l’estime de soi en miettes et peu de confiance en l’avenir, quand sa famille et sa vie sociale n’ont pas déjà volé en éclats. Pôle Emploi a vite compris le potentiel de «bad buzz» et battu en retraite, en chargeant une «initiative personnelle et isolée» qui n’aurait pas reçu l’aval de la direction. Les auteurs du graphique auront droit à un «debrief» – pour ne pas dire une soufflante. Les agents bénéficient d’une certaine autonomie pour préparer des supports ou des ateliers à destination de leur «portefeuille», les chômeurs dont ils suivent les dossiers. Cette petite liberté redonne parfois un peu de sens au travail des salariés d’une grosse machine qui a créé beaucoup de mal-être depuis la fusion mal gérée de l’ANPE et des Assédic en 2008.
Pourtant, l’infographie ne dit pas grand-chose que Pôle Emploi – sa tête cette fois – n’aurait pu dire ou écrire. Elle n’étonnera pas ceux qui se sont frottés à l’opérateur ou à l’écosystème de l’aide à la recherche d’emploi, publique comme privée, aussi prospère que le chômage. Les conseils pour «booster» sa recherche, selon le terme consacré, constituent même un des fonds de commerce de la maison. Comme celui d’une armée de médias, coachs, blogs (souvent adossés aux portails emploi) ou maisons d’édition. Le site de Pôle Emploi ne propose pas d’infographie heure par heure pour faire fructifier son chômage, mais sa page «trucs et astuces» (un exemple parmi d’autres) ne dit rien d’autre : «structurez votre journée», «organisez-vous un « coin recherche d’emploi » où vous serez au calme et où vous disposerez d’une table, d’un téléphone, de votre agenda, de votre répertoire et de vos fiches de suivi», «gardez le contact avec vos relations et vos amis», «ménagez-vous tout de même des périodes de repos et de loisirs», «gardez votre équilibre» et «apprenez à positiver». Positiver…
Plus que le schéma, ce sont ces injonctions qui posent problème, car elles contiennent toujours le reproche implicite que le chômeur est responsable de sa situation. Lui et son heure de réveil, son manque de motivation, plus que l’économie en berne, les fermetures d’usine, les patrons qui ne veulent pas embaucher les trop vieux, les trop jeunes, les mères de famille, les Noirs, les Arabes… Faute de pouvoir offrir à ses «usagers» un travail en phase avec leur savoir-faire, Pôle Emploi et ses prestataires semblent parfois n’avoir d’autre choix que de les occuper, en leur faisant refaire leur CV jusqu’à l’absurde, en les faisant travailler leur «savoir-être» ou, ici, en leur apprenant à organiser leur journée. Parfois, ça marche. Un jeune diplômé ou un cadre dirigeant sur la touche n’a peut-être pas besoin de plus, et tant mieux. Mais le gros des chômeurs de longue durée, qui cumulent les handicaps, sans diplômes, âgés, fragilisés, isolés dans des zones sinistrées, quels espoirs vont-ils pouvoir nourrir dans leur «coin recherche d’emploi» ?