L’édito de sabrina Champenois………………(18/11/2017)
Evolution
Et, concrètement ? Des paroles, oui, mais quid des actes ? Du côté des victimes, le nombre de plaintes a nettement augmenté, tout comme les appels aux numéros d’écoute ou aux associations spécialisées : ce sont les signes tangibles observés en France. Mais les moyens manquent, pour accompagner les victimes et traiter les dossiers. Et aucune mobilisation politique d’ampleur n’est encore sur les rails alors que le Royaume-Uni ou la Suède s’y collent. On peut d’ailleurs tiquer : seules des femmes du gouvernement (Marlène Schiappa, Agnès Buzyn, Nicole Belloubet) se sont pour l’heure exprimées. Et comme si un axe latin (conservateur sur fond de machisme ?) se dessinait, la mollesse prévaut aussi en Italie où l’actrice Asia Argento a pâti d’avoir dénoncé Weinstein tout en l’ayant longtemps fréquenté. Par ailleurs, si la remise en question bat logiquement son plein à Hollywood, berceau du scandale, elle affleure dans le cinéma français : seule Léa Seydoux a dénoncé publiquement le sexisme qui y règne. La faute en grande partie à la «zone grise», dit Isabelle Adjani à Libération. Cette zone toute d’ambiguïté où l’actrice doit susciter le désir des cinéastes, producteurs, sans en être victime, fol équilibrisme. Bref, concrètement, c’est une évolution qui est à l’œuvre. Elle manque d’air pour muer en révolution.
