Le baratin de Macron………..(23/12/2019)

La nouvelle fait grand bruit : Emmanuel Macron renonce à sa retraite de président de la République, et c’est une grosse concession. La retraite des anciens présidents est encadrée par une loi de 1955 et elle accorde une pension de 6.220 euros brut par mois dès la fin de son mandat et un poste au Conseil constitutionnel à 13.500 euros brut par mois. Tout cela à vie.
Le calcul est simple : si Emmanuel Macron, qui aura 44 ans à la fin de son premier manda,t quittait l’Élysée à ce moment-là et vivait ensuite jusqu’à 80 ans, ce qui est l’espérance de vie moyenne pour un homme de son âge, il pourrait espérer toucher 8 millions d’euros ! C’est une retraite de PDG du CAC 40. D’ailleurs, la retraite d’un ancien Président relève moins du « régime spécial » que de la « retraite chapeau » qui choque quand cela concerne un grand patron.
Ce type de rémunération ne peut plus passer aujourd’hui en France. Si on continue la comparaison avec le monde de l’entreprise : un ancien Président a droit à une « retraite chapeau » et à un « parachute doré » puisqu’il est à la fois rémunéré pour sa retraite dès la fin de son mandat, ce qui n’est pas le cas dans le privé, et replacé avec un ticket de présence confortable au Conseil constitutionnel. C’est impossible à faire passer auprès des Français alors qu’on leur demande tous les 10 ans de faire un effort pour sauver le système de financement des retraites.
Des avantages en moins, mais des avantages quand même
Le train de vie de nos anciens chefs d’État, on est loin de l’époque où le général de Gaulle réglait lui-même ses factures de gaz et d’électricité à l’Élysée et payait le plein d’essence de sa DS pour partir en week-end à Colombey-les-Deux-Églises. En 2017, cette somme représentait 10,3 millions par an. Entre les membres de cabinet, l’appartement de fonction, la voiture, les agents de sécurité… Tout cela coûte cher mais ces avantages diminuent.
François Hollande a signé un décret quelques mois avant de quitter ses fonctions qui réduit les avantages en nature dont disposait les anciens présidents. Désormais, au bout de 5 ans, le nombre d’agents de sécurité, de membres de cabinet et tout un tas d’autres avantages sont réduits ou disparaissent.
Mais cette fois, Emmanuel Macron supprime le système de retraite aussi pour ses successeurs. Il engage tous les futurs présidents en renonçant à sa retraite de chef de l’État à la sortie de l’Élysée. C’est logique puisque le nouveau système met fin à tous les régimes spéciaux. Il avait aussi prévu de supprimer le fauteuil au Conseil constitutionnel dans sa réforme de la Constitution.
Mais cette annonce a été assez peu saluée par l’opinion. D’abord, parce que c’est bien la moindre des choses de s’appliquer à soi-même une réforme qui inquiète à ce point de nombreux Français. Qu’aurait-on dit s’il ne l’avait pas fait ? Ensuite, ce qui est choquant pour une bonne partie de la population, c’est de voir la liste des avantages qui existaient encore ! Enfin, c’est quand même, une nouvelle fois, assez maladroit de la part du Président en termes de timing.
Brûler les symboles
Cette annonce intervient depuis l’étranger, elle rappelle toutes ces petites phrases un peu polémiques prononcées par le Président en dehors de nos frontières : « les Gaulois réfractaires », « les fainéants » … Au cœur de la crise sociale, elle ne peut être vécue que comme une provocation par les opposants à la réforme des retraites.
Malheureusement pour Emmanuel Macron, il reste attaché à l’image du président des riches, comme François Hollande avait été celui des « sans dents » ou Nicolas Sarkozy le président « Bling Bling »… Nos présidents incarnent la France d’en haut depuis longtemps et cette annonce est interprétée comme : « Il peut renoncer car il en a les moyens ». Le message ultime est : « Veut-il nous faire comprendre qu’on doit tous renoncer à nos retraites ? »
On ne peut pas faire comme si les « gilets jaunes » n’avaient pas existé. Le Président a raison de montrer que le régime universel concernera tout le monde à commencer par lui. Mais le moment est sans doute mal choisi pour le dire. Emmanuel Macron a voulu faire un geste symbolique mais on ne manipule pas les symboles en période de crise sociale car, l’opinion publique la plus radicale (pas tout le monde mais les plus révoltés contre le système) a surtout envie de brûler ces symboRTL
RTL
