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Blog des socialistes de GAUCHY Aisne
Publié par jean luc sur 17 Août 2013, 12:40pm
Catégories : #Politique, #UMP, #Sarkozy, #Sarkoland
J’ai la nette impression qu’un grand nombre de Français ont oublié les quelques années passées et le bilan que la gauche a trouvé à son arrivée récente au pouvoir.
Alors il m’a semblé intéressant de dresser un bilan le plus complet possible pour que les mémoires des cancres et des poissons rouges y compris dans la presse, puissent se remémorer d’où l’on vient et dans quel état Sarkozy a laissé la France.
A l’image de son parcours personnel au RPR puis à l’UMP, son quinquennat aura été chaotique, lui qui vantait aux Français une « République irréprochable« .
On ne peut pas affirmer que ces cinq années passées auront été un fleuve tranquille puisque émaillées d’affaires, scandales, magouilles et condamnations en tout genre, « mouillants » ministres et entourage voire l’ex chef de l’Etat lui-même.
La compil des données concernant l’etat de la France au départ de Sarkozy :
Sans aucun doute la crise économique depuis 2008 a fait des ravages (cf tableau des plans sociaux ci-dessus) mais n’est-il pas temps de faire autrement ? La part de l’industrie dans le PIB français a reculé de 18% à 13% en 10 ans alors qu’elle est restée stable dans le PIB allemand (à 23%). Allemagne qui est la référence ultime de Nicolas Sarkozy
- Supression de 150 000 emplois dans la fonction publique d’État dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP) consistant à ne remplacer qu’un fonctionnaire sur deux.
Dans le même temps les effectifs d’élèves n’ont absolument pas baissés, bien au contraire ils se sont accrus (source Insee) :
La diminution des effectifs au sein de l’éducation nationale décidée par Sarkozy est bien un choix politique qui n’a absolument aucune corrélation avec l’évolution, en hausse, des effectifs des élèves de tous âges.
Justice :
Impôts :
Exonération « cadeaux » aux entreprises
La réduction Fillon permet aux entreprises certaines exonérations de cotisations sociales jusqu’à 1,6 fois le SMIC. Résultat, cela coûte une fortune, environ 30 milliards par an. (source)
Energie :
Pour conclure, n’oubliez pas non plus le best of des mensonges de Sarkozy 2007-2012 qui est ici
à lire aussi :
C’est dit. Lui président, le mariage pour tous sera abrogé. Au prix de pénibles circonvolutions, Nicolas Sarkozy a fini par lâcher le mot tant attendu: «abrogation». Il en a été aussitôt récompensé par un tonnerre d’applaudissement des militants UMP opposés à la loi Taubira, regroupés sous la bannière de l’association «Sens commun».
En tirera-t-il tous les bénéfices électoraux espérés lors de l’élection à la présidence du parti, le 29 novembre prochain? Pas évident. Car la part de cynisme électoraliste de cette annonce n’a échappé à personne. Surtout pas aux militants dont les acclamations célébraient moins le candidat lui-même que la concession qu’ils venaient de lui arracher.
Comme les deux autres candidats à la présidence du parti, Hervé Mariton et Bruno Le Maire, l’ancien chef de l’Etat planchait samedi, à Paris, devant près de 2 500 personnes, dont beaucoup de jeunes très mobilisés, à l’avant-garde des «Manifs pour tous». Un public exigeant et méfiant. Nettement moins confortable que les sarkolâtres inconditionnels qui peuplent depuis septembre les meetings de l’ex-président. Devant des militants dociles qui se soumettent avec bonheur à son autorité, Sarkozy peut se permettre de pas prendre clairement position sur l’avenir du mariage gay, question pour laquelle il ne se passionne guère. Il avait cru pouvoir l’évacuer en prenant la posture du rassembleur, soucieux de réconcilier une famille turbulente: élisez-moi, «nous déciderons ensuite», avait-il lancé le 25 septembre dans le Nord, lors de son tout premier meeting. Les adhérents de l’UMP étaient priés de se contenter d’une vague promesse de «réécriture » de la loi Taubira.
Il en faut beaucoup plus pour rassurer les veilleurs anti-mariage gay. Forts de puissants relais parmi les hauts responsables de l’UMP, ils s’apprêtent à voter pour Hervé Mariton, seul candidat à s’être engagé sans ambiguïté pour une abrogation pure et simple de la loi Taubira. Signe d’une réelle inquiétude, Sarkozy a donc fini par parler d’abrogation. Qu’importe le grand flou juridique qui entoure son projet de créer deux contrats de mariage distincts, pour les homos et pour les hétéros. Sarkozy a impérativement besoin d’un triomphe le 29 mai prochain, à l’élection à la présidence du parti. Un leader naturel, un chef incontestable, doit recueillir au moins 80% des suffrages.
Au meeting de Sens commun, il s’agissait de faire «rentrer dans l’enclos» les brebis récalcitrantes. Dans Comédie française le récit de sa pénible expérience au cœur de la Sarkozie, l’écrivain Georges-Marc Benamou raconte que Sarkozy utilisait cette élégante expression pour parler, début 2007, des ralliements à sa campagne présidentielle: dans l’enclos, Raffarin; dans l’enclos Pécresse, etc. «Il les comptait comme un maquignon», se souvient Benamou. Le maquignon aurait-il perdu la main?
Au vu des réactions à son discours de samedi, la question est vraiment posée. Car en offrant à la salle, du bout des lèvres, le mot fétiche d’abrogation, Sarkozy a un peu trop laissé voir qu’il cherchait à ne déplaire à personne.
Commençant par promettre que «la loi Taubira devra être réécrite de fond en comble», il a été interrompu par les huées et de quelques centaines de «veilleurs»qui scandaient «Abrogation ! Abrogation !». «Si vous préférez qu’on dise abroger… En français, ça veut dire la même chose… Ça aboutit au même résultat. Mais enfin, si ça vous fait plaisir…», a-t-il répondu aux insolents. Avant de capituler quelques instants plus tard: «ça ne sert à rien qu’on soit contre la GPA si on n’abroge pas la loi Taubira». Empêtré dans sa tentative de synthèse, Sarkozy a précisé qu’il restait favorable à une nouvelle forme de mariage homo.
Jusque dans les rangs des ultra-sarkozystes, ce numéro d’équilibriste n’a pas été apprécié: «Les Français attendent d’autres priorités que la réécriture de la loi Taubira» a tweeté Nadine Morano. De son côté Christian Estrosi n’a pas caché sa réprobation: si elle retrouve le pouvoir en 2017, la droite ne doit pas revenir sur le mariage gay, qui est «une avancée». Selon un sondage Ifop publié samedi sur le site Atlantico, plus des deux tiers des Français (68%) sont désormais favorables au mariage gay et une majorité (53%) pour l’adoption d’enfants par des couples de même sexe. Alain Juppé a confirmé la semaine dernière qu’il était de ceux-là. D’où, peut-être, l’empressement de Sarkozy à affirmer une position originale.
Tout indique qu’il a raté son coup. Au meeting de Sens commun, samedi, le contraste était frappant entre le louvoiement de Sarkozy et les positions sensiblement plus claires des deux orateurs qui l’ont précédé, Hervé Mariton et Bruno Le Maire. Très en pointe dans le combat parlementaire contre la loi Taubira, le premier jouait à domicile. Il a très logiquement été ovationné.
Et c’est tout aussi logiquement que Le Maire s’est fait copieusement huer quand il a solennellement répété, un brin provocateur: «Nous ne reviendrons pas, nous la droite républicaine, sur le mariage homosexuel». Après le meeting, cela lui a paradoxalement valu quelques messages de félicitations de farouches opposants à la loi Taubira. Manière de souligner que sa position avait au moins le mérite de la cohérence.
Nicolas Sarkozy aura rarement été aussi durement critiqué dans son propre camp. Très remonté, Hervé Mariton, dénonce une grossière «manœuvre électorale»destinée à lui «siphonner des voix». Un peu plus tôt, à la même tribune, Bruno Le Maire demandait aux militants qui le sifflaient de ne pas lui reprocher d’avoir «le courage de dire en public la même chose qu’en privé» et de ne pas attendre d’être élu pour donner sa position. Dans le camp Le Maire, on tire finalement un bilan plutôt positif de cet examen tant redouté. Au palmarès du courage politique et de l’authenticité, il semble, en effet, que Sarkozy ne sorte pas grandi de cette confrontation avec ses deux concurrents. Heureusement pour lui, il n’y en aura pas d’autres.
Liberation.fr
Nicolas Sarkozy (AFP)
Pendant cinq ans, il a bénéficié de l’immunité présidentielle. Le 16 juin dernier, Nicolas Sarkozy redevenait un justiciable ordinaire. Privé, comme c’est l’usage, du statut pénal particulier accordé au chef de l’Etat par l’article 67 de la Constitution un mois après la fin de son mandat, l’ex-président est désormais à la disposition des juges. Des magistrats qu’il a affrontés plus souvent qu’à son tour pendant son quinquennat, et dont il a même projeté de supprimer la fonction pour certains d’entre eux. Et des magistrats qui ont montré leur détermination face à son prédécesseur Jacques Chirac, condamné à deux ans de prison avec sursis dans l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris en décembre 2011.
Placé sous le statut de témoin assisté par le juge Gentil dans le cadre de l’affaire Bettencourt, l’ex-chef de l’Etat pourrait également avoir affaire à la justice dans d’autres dossiers.
Il est d’abord visé par plusieurs plaintes déposées nommément contre lui. Mediapart l’a ainsi attaqué fin avril pour dénonciation calomnieuse, après que lui-même a poursuivi le site d’information pour faux suite à la publication d’un document portant sur un éventuel financement de sa campagne de 2007 par le colonel Kadhafi.
Le père d’Abel Chennouf, tué à Montauban par Mohammed Merah, l’a également attaqué pour non-assistance à personne en danger, considérant que le meurtre de son fils aurait pu être évité.
Nicolas Sarkozy est visé aussi par une plainte pour violation de la présomption d’innocence par les avocats d’Yvan Colonna, qu’il a qualifié à plusieurs reprises d’ « assassin du préfet Erignac » alors que sa condamnation n’était pas définitive. Cette plainte était bloquée pendant la durée de son mandat, avait décidé le tribunal de grande instance de Paris en juillet 2009 : elle peut désormais suivre son cours.
Nicolas Sarkozy est également indirectement visé par l’enquête préliminaire ouverte ce lundi dans l’affaire des sondages de l’Elysée. La Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) de la police judiciaire parisienne va enquêter sur les conditions d’attribution des enquêtes commandées par l’Elysée de 2007 à 2012.
L’association Anticor, à l’origine de la plainte, pointe notamment la convention conclue en 2007 entre l’Elysée et Publifact, société de Patrick Buisson qui était alors conseiller de Nicolas Sarkozy. Les règles de mise en concurrence prévues dans l’attribution de marchés publics pourraient ne pas avoir été appliquées, ce qui rendrait possible des poursuites pour détournement de fonds publics entre autres.
Mais le nom de Nicolas Sarkozy apparaît aussi et surtout dans plusieurs affaires politico-financières, ce qui faisait dire à Ségolène Royal en mars dernier : « Il a peur parce qu’il va perdre son immunité présidentielle, et on connaît tous les problèmes de corruption qui ont émaillé ces cinq années. »
En cause : un éventuel financement de sa campagne de 2007 par le couple Bettencourt et le colonel Kadhafi, et celui de la campagne de 1995 d’Edouard Balladur – dont il était ministre du Budget et porte-parole – par le biais de possibles rétrocommissions versées dans le cadre de contrats de vente d’armes avec le Pakistan et l’Arabie saoudite.
Le dossier le plus immédiatement menaçant pour Nicolas Sarkozy était l’affaire Bettencourt. L’enquête, visant au départ des faits d’abus de faiblesse sur la milliardaire, a rapidement pris un tournant politique. Après les rebondissements des derniers mois, et notamment les mises en examen d’Eric Woerth et Patrice de Maistre, l’audition de l’ancien président par le juge Gentil paraissait inévitable.
Autre source potentielle de financement gênant de la campagne 2007 de l’ex-président : Mouammar Kadhafi. Les interrogations datent de l’interpellation directe de Nicolas Sarkozy par Saif al islam Kadhafi, le fils du Guide suprême.
Si les révélations du clan Kadhafi se sont fait attendre, Mediapart a pris le relais. D’abord en publiant le témoignage d’un ancien proche de l’intermédiaire Ziad Takieddine, affirmant que ce dernier avait mis en place les « modalités de financement » de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy par le colonel Kadhafi – ce qu’a démenti l’homme d’affaires libanais.
Puis en dévoilant un document prouvant selon le site d’information que Mouammar Kadhafi avait donné son accord pour financer la campagne à hauteur de 50 millions d’euros. L’authenticité de la note fait débat, et Nicolas Sarkozy a attaqué pour faux le site d’information, qui a répliqué en le poursuivant pour dénonciation calomnieuse comme vu plus haut. La justice enquête simplement sur cet aspect du dossier. Du moins pour le moment.
Troisième dossier de financement politique embarrassant pour Nicolas Sarkozy : l’affaire Karachi. Elle concerne cette fois la campagne d’Edouard Balladur en 1995. La justice s’interroge sur la provenance de 10 millions de francs versés en espèces sur le compte de campagne du candidat malheureux à la présidentielle.
L’ancien Premier ministre les a justifiés par la vente de tee shirts et gadgets à son effigie ; les juges van Ruymbeke et Le Loire soupçonnent plutôt un financement illicite par le biais de rétrocommissions liées à des contrats d’armement avec le Pakistan et l’Arabie saoudite.
Le nom de Nicolas Sarkozy apparaît dans le dossier à deux titres : en tant que ministre du Budget du gouvernement Balladur, et en tant que porte-parole et tête pensante de la campagne du candidat en 1995. Ainsi, c’est lui qui a approuvé le volet financement des contrats, et qui a notamment validé la création des sociétés Heine et Eurolux, par lesquelles auraient transité les commissions.
Plusieurs de ses proches ont été mis en examen dans le dossier : Thierry Gaubert, Nicolas Bazire, ainsi que Ziad Takieddine. Une audition de Nicolas Sarkozy par les juges dans ce dossier paraît une suite probable.
Face à ces affaires, Nicolas Sarkozy a crié à la « manipulation politique » et aux « boules puantes ». Il échappe pour le moment à la mise en examen dans le dossier Bettencourt, il n’en a probablement pas fini avec la justice pour autant.
Claude Guéant (AFP)
Le rapport de la Cour des comptes, dont l’agence AEF a publié vendredi 26 octobre de très larges extraits, confirme que Sciences Po, sous la direction de Richard Descoings, a pris de nombreuses libertés avec les règles de gestion, accordant de nombreux avantages discrétionnaires dans l’opacité, notamment aux enseignants et chercheurs. Des avantages souvent illégaux.
De sorte que la question se pose de savoir si Hervé Crès, actuel directeur par interim, qui a pris la Direction des études de Sciences Po en 2008, et candidat à la succession de Richard Descoings, peut être tenu pour complice, ou non, de ces pratiques illégales.
La fuite de ces informations est embarrassante pour Sciences Po au moment même où ce lundi 29 octobre, le Conseil d’Administration de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, qui gère Sciences Po, a choisi Hervé Crès, par 20 voix contre 10, comme candidat à la succession de Descoings. Cette désignation comporte des risques dans la mesure où c’est seulement le 22 novembre que la Cour se prononcera sur d’éventuels recours en justice contre les « irrégularités » qu’elle dénonce.
L’inspection de la Cour s’est déroulée d’octobre 2011 à juin 2012. Son rapport définitif (c’est à dire avec les réponses de Sciences Po) sera rendu public le 22 novembre prochain. D’après les informations publiées par l’agence AEF, ce rapport est un document articulé en trois chapitres, débouchant sur une conclusion composée de 19 « principales recommandations ».
Sa lecture confirme qu’un très grand laxisme s’était installé dans la gestion de ce temple de formation d’élites. Beaucoup de procédures légales n’étaient pas ou plus respectées (mode de rémunération des enseignants chercheurs, code des marchés publics…) l’arbitraire et l’opacité entouraient la fixation de salaires et l’attribution de primes, voire de logements de fonction et de cartes de crédit (passées de 37 à 58 entre 2005 et 2010, avec un montant de dépense de 498 000 E pour 2010) , ainsi que les décharges d’enseignement.
On y trouve confirmation du salaire extravagant que s’était octroyé l’ancien directeur, passé de 315 311 E (bruts) en 2005 à 537 247 E en 2010, « augmentations décidées sur sa seule proposition ». Ces modalités n’étaient fixées dans aucun contrat de travail. La Cour réfute la comparaison avec les salaires pratiqués des universités étrangères car »le directeur n’a pas été recruté dans le cadre d’un appel d’offres international. » Le rapport confirme une indiscrétion qui a déjà filtré, à savoir que les membres du Conseil d’administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP, la fondation qui gère Sciences Po) n’étaient pas au courant du montant de ce salaire. Seules en avaient connaissance les 8 membres du comité des rémunérations, qui ne rapportaient pas à la Fondation.
La Cour confirme une information que nous avions révélée ici le 5 juillet dernier : la Mission sur la réforme du Lycée, confiée à Richard Descoings par Xavier Darcos, a été réglée par Sciences Po (pour un montant de 636 252 E ), sans que le Conseil d’administration en ait été informé. La Cour en rend fautifs aussi bien l’Etat que l’ancien directeur.
On trouve dans le rapport une explication détaillé de ce qui a justifié la dénonciation de pratiques de « prébendes » et de « passe droit » à Sciences Po du temps de Richard Descoings, dont nous avions déjà fait état dans le Nouvel Observateur le 19 juillet dernier . Il y avait beaucoup de primes dont les modalités d’attribution étaient inexistantes, donc discrétionnaires, et « un système de décharges de cours et de compléments de rémunérations peu transparent. » On réalise pourquoi ces informations ne filtraient guère à l’extérieur à l’époque, car le nombre de personnes ayant bénéficié de ces avantages paraît élevé, évalué par la Cour à au moins 20 % de l’effectif des professeurs (contrats de droit privé, décharges de cours, primes…), et ceci fonctionnait grâce à un système « particulièrement opaque », donc sans doute ignoré par beaucoup.
L’un des moments forts du rapport confirme ce que nous avions en partie révélé ici : c’est l’Elysée qui a décidé, sur demande de Richard Descoings, le montant de l’aide de l’Etat à Sciences Po sur 4 ans. Le 29 juillet 2009, Claude Guéant, Secrétaire général de l’Elysée, ordonne par lettre à Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, le montant des dotations à verser à Sciences po, en ces termes :
Parlant avec euphémisme de « méthode discrétionnaire », la Cour dénonce cette « fixation de dotation décidée selon une procédure dérogatoire et sans véritable négociation ».
La partie la plus sensible du rapport est son chapitre 3 titré : « Une gestion marquée par une fragilité financière et de nombreuses anomalies ». 14 pages du rapport sont consacrées à la « gestion défaillante des personnels. » La Cour accuse :
En cause, « une système peu transparent de compléments de rémunération et d’allègements de charges d’enseignement ». Des salaires et charges de travail sont négociés au cas par cas lors des recrutements, en fonction de la rémunération précédente et de la notoriété, sans respect d’une quelconque grille, sans validation par une instance collégiale. Il en résulte « un manque de cohérence dans la politique de rémunération des enseignants contractuels ».
On apprend aussi que les professeurs fonctionnaires recouraient à des contrats de droit privé complémentaires auxquels s’ajoutaient des primes et des décharges. En 2010, une vingtaine de profs bénéficiant de décharges « ont également été rémunérés pour des enseignements complémentaires, ce qui est contraire au décret du 6 juin 1984. » La Cour a également relevé des décharges de cours atteignant 100 % du service ce qui est illégal, cela ne doit pas dépasser 66% du service statutaire.
Par ailleurs, certains cours magistraux sont majorés par des coefficients compris entre 1,2 et 4 selon le nombre d’étudiants inscrits. Cela signifie qu’une heure de cours peut être payée 4 heures. Sciences Po a invoqué une tradition reposant sur une décision de 1994 dont la trace n’a pas été retrouvée. L’attribution de ces coefficients est laissée à la discrétion de la Direction des études, qui était assurée par Hervé Crès. La Cour demande instamment que ces pratiques soient supprimées, et note que la Direction des études s’y est engagée, mais elle ajoute que
Le terme « irrégularités » renvoie à la possibilité pour la Cour de prescrire des poursuites à l’encontre de dirigeants de Sciences Po, décision qui ne sera pas connue avant le 22 novembre. Que Sciences Po ait désigné Hervé Crès comme le candidat pour succéder à Richard Descoings avant cette échéance comporte donc un risque. A sa décharge, Crès peut faire valoir qu’il n’est entré en fonction à Sciences Po que fin 2008. Et d’aucuns prétendent qu’il y a tant d’anciens Sciences Po à la Cour des comptes que la vénérable institution ne sera peut être pas trop sévère…
Jean Sarkozy devant Patrick Devedjian et Marie-Célie Guillaume, le 31 mars 2011 à Nanterre (Christophe Morin/IP3 PRESS/MAXPPP)
Marie-Célie Guillaume ne court plus les couloirs du conseil général des Hauts-de-Seine. Elle sillonne l’ouest parisien à la recherche d’un nouveau logement. Entre deux interviews. Pour la première fois, ce n’est plus Patrick Devedjian qui est dans la lumière, c’est elle. Elle qui a été sa directrice de cabinet dans le « 92″ pendant cinq ans, après l’avoir conseillé cinq autres années lorsqu’il était ministre de Jean-Pierre Raffarin. Elle qui se voit contrainte de mettre un terme à sa carrière en politique le jour où s’ouvrent les tribunes médiatiques.
Son malheur est aussi son bonheur : un livre, son premier, « le Monarque, son fils, son fief », publié en juin aux Editions du Moment. Plus subtil qu’un brûlot, moins direct qu’un pamphlet, mais pas moins féroce : un récit à clés qui croque avec acidité un quinquennat de vie politique ordinaire dans les Hauts-de-Seine ; cinq années de turpitudes.
Marie-Célie Guillaume. Sur la couverture, s’affiche le seul vrai nom de tout le livre. A l’intérieur, s’ébroue une galerie de politiques dont toute ressemblance avec des personnages existants ne saurait être fortuite. Nicolas Sarkozy n’en est que plus ridicule sous les traits du Monarque, comme Jean, surnommé le Dauphin, et les époux Balkany, campés en Thénardier. Seuls surnagent l’Arménien, qui prend les traits de Devedjian, et la Baronne, derrière qui se dissimule l’auteur.
En quelques jours, l’ouvrage s’est hissé en tête des ventes. Plus rapidement encore, Marie-Célie Guillaume a été descendue en flèche par ses collègues. A 43 ans, elle se dit « en plein désordre », « entre ombre et lumière ». Impossible de savourer un plaisir gâché d’emblée ? C’est plus compliqué.
Ou l’histoire d’un suicide politique à la fois volontaire et inconscient. Pour comprendre, il faut remonter à la genèse du livre. Un autre contraste. Un lendemain de victoire qui ressemble à une défaite. Les élections cantonales de mars 2011 doivent sonner le glas de Patrick Devedjian à la présidence du conseil général. Après avoir trahi sa promesse de lui confier le ministère de la Justice, Nicolas Sarkozy lui avait cédé en 2007 les clés de son fief, comme celles de l’UMP, en guise de dédommagement. Trois ans plus tard, le même Sarkozy, qui lui a déjà ôté les rênes du parti, décide de lui arracher des mains le trousseau des Hauts-de-Seine.
Quel crime de lèse-majesté aurait commis l’Arménien ? Toucher à la famille, et plus particulièrement au Dauphin. Mettre des bâtons dans les roues du carrosse qui devait mener ce dernier tout droit à l’Epad, et plus loin encore. Pour donner l’assaut, le Monarque mandate dame Thénardier, vice-présidente de la collectivité. Les couteaux sont tirés. Las, elle n’est même pas réélue dans son canton. Trop vert et toujours marqué au fer rouge par son échec à l’Epad, le Dauphin est neutralisé. La bataille est perdue.
A l’Elysée, Sarkozy est obligé de déposer les armes aux pieds de Devedjian, à la seule condition de virer sa plus fidèle collaboratrice qu’il tient comme le bras armé des coups portés à son fils. Devedjian ne s’exécutera pas. Rien ne l’y oblige. Pas cette fois-là. C’est à cet instant que Marie-Célie Guillaume, « meurtrie physiquement et moralement », se transforme en Baronne.
La thérapie fonctionne. La directrice de cabinet est heureuse de retrouver l’hémicycle du conseil général. A la tribune, derrière le président, elle observe la « comédie humaine ». Tous ces élus locaux devenus des personnages aux noms aussi savoureux qu’humiliants : Trépané du Local (Alain-Bernard Boulanger), Cinglé Picrochole (Philippe Pemezec), Chihuahua (Thierry Solère)… « J’avais envie de les voir pour alimenter mon livre. Ils devenaient presque attachants. »
La nuit, les week-ends, les pages se noircissent. Les trois enfants de Marie-Célie Guillaume – 16, 14 et 5 ans – se surprennent aussi à la voir aux aurores devant son ordinateur, elle, la lève-tard de la famille. Seuls sont au courant du projet une amie et son mari, « son roc, son point d’équilibre, extérieur à la politique », un spécialiste en ressources humaines. L’ouvrage ne prend définitivement forme qu’à la lecture des premiers chapitres par Yves Derai, son ami et éditeur qui tope aussitôt, à l’inverse de Patrick Devedjian.
Elle en a envie. Et les coups redoutés tombent. Actif retraité politique, Nicolas Sarkozy multiplie les appels téléphoniques pour réclamer à nouveau la tête de la Baronne. Il passe une soufflante à la présidente du groupe UMP au conseil général des Hauts-de-Seine, Isabelle Caullery, qui, tétanisée, préfère démissionner. Pour atteindre Marie-Célie Guillaume, un quarteron d’élus décide alors de viser son patron. Jean Sarkozy en tête dans « le Figaro » : « J’accuse Patrick Devedjian. A travers son assistante de cabinet, il a écrit ce livre, ce qui donne une très sérieuse indication de son degré de courage. » Après les paroles, les actes. Les mêmes menacent de bloquer le fonctionnement de l’assemblée départementale.
De la fraîcheur et de l’expérience. Le clair-obscur, toujours. Les réflexes de l’ombre reviennent à la vitesse de la lumière. Peu importe l’exaltation, la froideur politique n’est jamais loin. Jusqu’à son éviction, devenue inéluctable, selon elle :
Elle ne regrette rien et rien ne la choque. Un mail anonyme est envoyé aux journalistes en même temps que son livre, dénonçant sa double rémunération au conseil général et à l’UMP, son confortable logement de fonction, sa voiture avec deux chauffeurs, les voyages avec Devedjian en Orient… Elle assume : « Je n’ai jamais rien fait d’illégal. » Les avantages de la fonction.
Au milieu du livre, elle assène le coup de grâce au Monarque. Dans son bureau, il reçoit une élue quand son souffle devient court : « Sois gentille… Tu vois bien que j’ai besoin de me détendre ! Allez, c’est pas grand-chose… » Là encore, pas de quoi s’offenser :
Marie-Célie Guillaume dit, elle, s’en tirer en pareil cas en distribuant une paire de gifles, mais ne veut porter « aucun jugement moral » sur celles qui cèdent. Et que Jean Sarkozy ne vienne pas jouer les fils effarouchés. Elle raconte une autre scène qui, elle, ne figure pas dans le livre :
Le machisme, assure-t-elle, est d’affirmer que Patrick Devedjian a écrit le livre parce qu’elle n’en aurait pas été capable. Elle qui a fait hypokhâgne, Sciences-Po et un master de relations internationales à Boston. Des diplômes dont elle compte se servir pour rebondir. Dans une autre sphère. « La politique, ça assèche. » Elle en aurait fait le tour depuis 1996, lorsqu’elle avait rejoint l’équipe d’Edouard Balladur, qui n’était déjà plus Premier ministre, par l’intermédiaire d’un sarkozyste historique, Nicolas Bazire.
Pour l’heure, elle déménage et cultive la dichotomie jusque dans son couple : « Mon mari est un peu emmerdé, c’est un sédentaire. Mais, moi, j’ai toujours bougé, parce que je suis fille de diplomate. J’ai besoin d’action, d’incertitude. » Son avenir professionnel attendra la rentrée. Là, elle saura si elle n’est vraiment plus une politique.
Article publié dans « le Nouvel Observateur » du 19 juillet 2012.
Des sondages hors de prix aux sujets désopilants. D’après le militant écologiste grenoblois Raymond Avrillier, qui tenait une conférence de presse hier après-midi, l’Elysée a commandé durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy pour 9,4 millions d’euros de sondages et études, dont l’intérêt pour la République et pour la France reste à démontrer.
«Islam». Exemple : en février 2011, alors que DSK caracolait dans les sondages pour la présidentielle, l’Elysée faisait réaliser les siens, et interrogeait les Français en ces termes : «Diriez-vous que DSK se situe très à gauche, à gauche, au centre gauche, etc. ?» ou «Diriez-vous qu’au cours de cette émission DSK vous a paru avoir changé en bien ?» Ce sondage avait été réalisé suite à l’intervention du patron du FMI au journal télévisé de France 2. En 2008, c’est Carla Bruni qui préoccupait l’Elysée : «Que pensez-vous du mariage possible [de Nicolas Sarkozy] avec Carla Bruni ?» Un autre sondage, cette même année, interroge : «Pour chacune des personnalités suivantes diriez-vous qu’elle ferait un(e) bon(ne) candidat(e) à l’élection présidentielle ?» énumérant uniquement des personnalités du Parti socialiste.
D’autres sondages, plus récents, portent sur une intervention télévisée de Marine Le Pen, sur l’électorat écologiste ou encore sur «les sympathisants socialistes et la question de l’islam». «Je ne remets pas en cause le fait que l’Elysée commande des sondages, mais c’est leur démesure et la thématique des sondages réalisés qui posent problème», explique Raymond Avrillier, que l’on a coutume de surnommer «le tombeur du système Carignon».
Sur plus des 300 sondages et études commandés durant le quinquennat, 66 l’ont été entre début 2010 et le 30 avril 2012 pour un montant de 3,04 millions d’euros. Et pourraient avoir aidé le candidat et non le Président. Le paiement de ces sondages par de l’argent public constituerait donc un délit, d’après le militant. «Il s’agit du financement par une personne morale [l’Elysée, ndlr] de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy, ce qui représente un délit puni par le code électoral», a-t-il détaillé. Avrillier a ainsi indiqué avoir saisi la Commission nationale des comptes de campagne pour qu’elle intègre une partie des sondages commandés par l’Elysée dans les comptes de campagne du candidat Sarkozy. Cette demande est aujourd’hui à l’étude.
Raymond Avrillier a également porté plainte auprès du procureur de la République de Paris. «Le 6 juin prochain, Nicolas Sarkozy va perdre son immunité présidentielle, cela permettra peut-être qu’une enquête judiciaire soit ouverte, explique-t-il. J’ai déjà déposé une plainte avec constitution de partie civile, mais jusqu’à maintenant, aucune procédure ne pouvait être déclenchée du fait du statut du chef de l’Etat.»
Citoyen. Le militant écologiste s’était déjà battu pour obtenir, le 17 février, la liste des sondages commandés entre 2010 et 2012. Il avait dû saisir en 2009, en tant que simple citoyen, le tribunal administratif de Paris, qui avait enjoint la présidence de la République de communiquer ces pièces. Par ailleurs, Avrillier affirme ne pas avoir reçu les bons de commandes de sondages «indirects» commandés par l’intermédiaire des cabinets d’études Publifact (la société de Patrick Buisson), Publiopinion et Giacometti Péron. Des cabinets d’études qui n’ont jamais été mis en concurrence comme le prévoit la loi. Ces prestations ont été facturées 2,98 millions d’euros au total à Publifact et Publiopinion, et 1,38 million à Giacometti Péron. La plainte déposée par Avrillier auprès du procureur porte aussi sur ces faits.
Liberation.fr
Créé le 11-05-2012 à 13h36 – Mis à jour à 18h04 55 réactions
Nicolas Sarkozy devrait user de son droit à siéger à vie au Conseil constitutionnel après son départ de l’Elysée, assure « le Figaro« , vendredi 11 mai. Un fauteuil doré, avec une rémunération de 11.500 euros nets par mois. Parallèlement, le président sortant souhaite donner son avis sur la vie politique française et reprendre son travail d’avocat. Une position qui pourrait toutefois entrer en contradiction avec les obligations juridiques ou morales d’un Sage. Explications.
Peut-il exercer sa fonction d’avocat ?
« Sur le plan juridique, il n’y a aucune incompatibilité », explique Michel Verpeaux, professeur de droit public à l’Université Paris-I, au « Nouvel Observateur ». Les Sages ne peuvent en revanche être membres du gouvernement ou exercer un mandat électoral. Il est aussi impossible pour eux d’être nommés dans la fonction publique, à l’exception des professeurs d’université. « Toutefois, il y a une incompatibilité morale et un conflit d’intérêts », précise l’universitaire. Ce problème avait déjà été soulevé lorsque Monique Pelletier, avocate à la Cour d’appel de Paris, avait été nommée au Conseil Constitutionnel par Jacques Chirac le 22 mars 2000. Elle avait finalement gardé ses deux postes.
Peut-il s’immiscer dans la vie politique ?
Nicolas Sarkozy souhaiterait toujours pouvoir prendre parti dans la vie politique française, toujours d’après « le Figaro ». Et apporter parfois un soutien à son camp. Comme Valéry Giscard d’Estaing à son égard en 2007 et 2012. « Les membres de droit du Conseil sont soumis à une obligation de réserve », conteste Michel Verpeaux, qui juge le positionnement de VGE « regrettable et problématique ». Sauf que le risque de sanction est limité. Il en existe une seule: la démission d’office. « Elle peut être votée par les membres du Conseil Constitutionnel s’il y a un Sage qui a un comportement incompatible », poursuit le juriste. Un recours jamais évoqué à la suite des prises de position de VGE, pourtant critiquées par les membres de l’institution.
Peut-il continuer à siéger s’il est condamné ?
Mis en cause dans plusieurs affaires judiciaires, Nicolas Sarkozy pourrait prochainement se retrouver devant les tribunaux, avec la perte de son immunité présidentielle. En cas de condamnation, il n’y a toutefois aucun article dans la loi qui lui ferait perdre son siège. Il peut s’appuyer sur l’exemple de Jacques Chirac, condamné en 2011 pour « détournement de fonds publics » et nullement écarté du Conseil constitutionnel. « Là encore, la seule possibilité reste la procédure de démission d’office », précise Michel Verpeaux. Qu’il soit sage ou non, Nicolas Sarkozy semble donc avoir un poste protégé.
Guillaume Venetitay – Le Nouvel Observateur
Créé le 04-05-2012 à 10h33 – Mis à jour le 08-05-2012 à 14h57 143 réactions
Par Anne-Sophie Hojlo
journaliste Le Nouvel Obs
Nicolas Sarkozy redeviendra un justiciable comme les autres à partir du 16 juin. (SIPA)
Pendant cinq ans, il a bénéficié de l’immunité présidentielle. Le 16 juin, Nicolas Sarkozy redeviendra un justiciable ordinaire. Privé, comme c’est l’usage, du statut pénal particulier accordé au chef de l’Etat par l’article 67 de la Constitution un mois après la fin de son mandat, l’ex-président sera désormais à la disposition des juges. Des magistrats qu’il a affrontés plus souvent qu’à son tour pendant son quinquennat, et dont il a même projeté de supprimer la fonction pour certains d’entre eux. Et des magistrats qui ont montré leur détermination face à son prédécesseur Jacques Chirac, condamné à deux ans de prison avec sursis dans l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris en décembre dernier.
L’ex-chef de l’Etat aura d’abord à coup sûr affaire à la justice pour des dossiers « secondaires », mais dans lesquels des plaintes ont été déposées nommément contre lui. Mediapart l’a ainsi attaqué fin avril pour dénonciation calomnieuse, après que lui-même a poursuivi le site d’information pour faux suite à la publication d’un document portant sur un éventuel financement de sa campagne de 2007 par le colonel Kadhafi.
Nicolas Sarkozy est également visé par deux plaintes pour violation de la présomption d’innocence par les avocats d’Yvan Colonna, qu’il a qualifié à plusieurs reprises d’ « assassin du préfet Erignac » alors que sa condamnation n’est pas définitive à ce jour, l’ancien berger corse s’étant pourvu en cassation. Ces plaintes étaient bloquées pendant la durée de son mandat, avait décidé le tribunal de grande instance de Paris en juillet 2009 : elles pourront désormais suivre leur cours.
Mais le nom de Nicolas Sarkozy apparaît aussi et surtout dans plusieurs affaires politico-financières, ce qui faisait dire à Ségolène Royal en mars dernier : « Il a peur parce qu’il va perdre son immunité présidentielle, et on connaît tous les problèmes de corruption qui ont émaillé ces cinq années. »
En cause : un éventuel financement de sa campagne de 2007 par le couple Bettencourt et le colonel Kadhafi, et celui de la campagne de 1995 d’Edouard Balladur – dont il était ministre du Budget et porte-parole de campagne – par le biais de possibles rétrocommissions versées dans le cadre de contrats de vente d’armes avec le Pakistan et l’Arabie saoudite.
Le dossier le plus immédiatement menaçant pour Nicolas Sarkozy est sans conteste l’affaire Bettencourt. L’enquête, visant au départ des faits d’abus de faiblesse sur la milliardaire, a rapidement pris un tournant politique avec les accusations de Claire Thibout. L’ex-comptable a affirmé aux juges que Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, lui avait demandé de retirer 150.000 euros en liquide à destination de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy.
Des accusations confirmées par d’autres témoignages, recoupées par les agendas des protagonistes, et coïncidant avec de très importants retraits en liquide sur les comptes en Suisse de la milliardaire. Un faisceau d’indices suffisant pour le juge Jean-Michel Gentil pour justifier une mise en examen de Patrice de Maistre et d’Eric Woerth, trésorier de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy.
Il ne fait guère de doute que c’est ce dernier qui est visé à travers eux, et que la justice demandera des comptes à l’ancien président. Le juge Gentil a déjà souligné que les « visites du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy au domicile des Bettencourt pendant la campagne électorale de 2007″ rendent « des investigations » « nécessaires », et saisi ses comptes de campagne. Une convocation en vue d’une éventuelle mise en examen paraît inévitable pour l’ex-président.
Autre source potentielle de financement gênant de la campagne 2007 de l’ex-président : Mouammar Kadhafi. Les interrogations datent de l’interpellation directe de Nicolas Sarkozy par Saif al islam Kadhafi, le fils du Guide suprême.
Si les révélations du clan Kadhafi se sont fait attendre, Mediapart a pris le relais. D’abord en publiant le témoignage d’un ancien proche de l’intermédiaire Ziad Takieddine, affirmant que ce dernier avait mis en place les « modalités de financement » de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy par le colonel Kadhafi – ce qu’a démenti l’homme d’affaires libanais.
Puis en dévoilant un document prouvant selon le site d’information que Mouammar Kadhafi avait donné son accord pour financer la campagne à hauteur de 50 millions d’euros. L’authenticité de la note fait débat, et Nicolas Sarkozy a attaqué pour faux le site d’information, qui a répliqué en le poursuivant pour dénonciation calomnieuse comme vu plus haut. La justice enquête simplement sur cet aspect du dossier. Du moins pour le moment.
Troisième dossier de financement politique embarrassant pour Nicolas Sarkozy : l’affaire Karachi. Elle concerne cette fois la campagne d’Edouard Balladur en 1995. La justice s’interroge sur la provenance de 10 millions de francs versés en espèces sur le compte de campagne du candidat malheureux à la présidentielle.
L’ancien Premier ministre les a justifiés par la vente de tee shirts et gadgets à son effigie ; les juges van Ruymbeke et Le Loire soupçonnent plutôt un financement illicite par le biais de rétrocommissions liées à des contrats d’armement avec le Pakistan et l’Arabie saoudite.
Le nom de Nicolas Sarkozy apparaît dans le dossier à deux titres : en tant que ministre du Budget du gouvernement Balladur, et en tant que porte-parole et tête pensante de la campagne du candidat en 1995. Ainsi, c’est lui qui a approuvé le volet financement des contrats, et qui a notamment validé la création des sociétés Heine et Eurolux, par lesquelles auraient transité les commissions.
Plusieurs de ses proches ont été mis en examen dans le dossier : Thierry Gaubert, Nicolas Bazire, ainsi que Ziad Takieddine. Une audition de Nicolas Sarkozy par les juges dans ce dossier paraît une suite probable.
Face à ces affaires, Nicolas Sarkozy a crié à la « manipulation politique » et aux « boules puantes ». Dès le 16 juin, la justice aura les mains libres pour en juger.
Par Anne-Sophie Hojlo
journaliste Le Nouvel Obs
Créé le 01-05-2012 à 23h54 – Mis à jour le 02-05-2012 à 09h43 44 réactions
Par Renaud Dély
Gérard Longuet, forcément. Si un poids lourd de l’UMP devait succomber aux appels du pied de Marine Le Pen, et lui délivrer le brevet de respectabilité qu’elle espérait tant, c’était forcément au ministre de la Défense que ce rôle peu glorieux devait échoir. Comme un retour aux sources…
Dans l’hebdomadaire d’extrême droite « Minute », Gérard Longuet déclare donc : « Nous n’aurons pas, avec elle [Marine Le Pen, NDLR], de Durafour crématoire et autre ‘détail’. Tant mieux, car il sera désormais possible de parler de sujets difficiles avec un interlocuteur qui n’est pas bienveillant, mais qui, au moins, n’est pas disqualifié ».
Au moins les choses sont-elles de plus en plus claires. La présidente du Front national n’est pas encore tout à fait une alliée. Elle est déjà un « interlocuteur » digne, parfaitement fréquentable, et avec lequel on peut « discuter ». En attendant mieux…
L’entente n’est pas encore cordiale, mais les préliminaires sont encourageants. Il faut dire que ces jours-ci, Nicolas Sarkozy paye de sa personne. Alors demain, qui sait, l’accord avec le Front national sera envisageable puisque le combat de l’extrême droite est désormais « compatible avec la République » comme l’expliquait la semaine dernière le président-candidat lui-même.
« Marine et Nicolas, ensemble, tout leur deviendra possible » pourrait-on oser pour parodier le slogan de campagne de Sarkozy en 2007 ?
L’union de « toutes les droites », des démocrates-chrétiens aux lepénistes, des gaullistes à l’extrême-droite la plus rance, le maurrassien Patrick Buisson en rêvait, Gérard Longuet en pose la première pierre.
On sait que le premier, nostalgique de l’œuvre du Maréchal, a pris en mains la campagne de Nicolas Sarkozy jusqu’à « gouroutiser » le candidat UMP pour lui dicter un discours exaltant le « vrai travail » opposé au « corporatisme » de syndicats « nuisibles » invités à « déposer le drapeau rouge », les « racines chrétiennes » d’une France menacée par une fantasmatique invasion islamiste, ou encore en appeler à ceux qui « aiment vraiment la France » par opposition au camp de « l’anti-France » regroupé sous la bannière « multiculturaliste » de François Hollande.
Au vu de son pedigree, Gérard Longuet apparaît, lui, comme le parfait homme de main à même de mettre en oeuvre la première étape du rapprochement avec l’extrême-droite. En 2007, Nicolas Sarkozy promettait l’avènement d’une « droite décomplexée ». Cinq ans plus tard, Gérard Longuet est une sorte de pionnier de la « droite déboutonnée », sans pudeur, ni tabous.
Car le ministre de la Défense n’est pas du genre à rechigner lorsqu’il s’agit de mettre les mains dans le cambouis des alliances nauséabondes : son passé plaide pour lui. Rien d’étonnant à ce qu’il fasse ainsi sauter dans « Minute » une de ces digues républicaines supplémentaires dont Dominique de Villepin s’affolait la semaine dernière de les voir tomber une à une.
Il suffit de se pencher un instant sur son parcours. Si l’histoire est un éternel recommencement, Gérard Longuet doit vivre comme une seconde jeunesse depuis que son candidat, Nicolas Sarkozy, s’est engagé dans une virulente croisade hostile aux immigrés au lendemain du premier tour de la présidentielle.
En 1964, le jeune Longuet, tout juste 18 ans à l’époque, fut l’un des fondateurs du mouvement Occident, groupuscule étudiant musclé plus à son aise dans l’usage de la barre à mine que dans la dispute idéologique. En 1967, arrêté à l’occasion d’une de ces escapades particulièrement sanglantes, Longuet est d’ailleurs condamné pour « violences et voies de fait avec armes et préméditation » pour avoir participé à une descente sur le campus de l’université de Rouen à l’issue de laquelle un étudiant de gauche avait été laissé dans le coma.
Une fois Occident dissous en conseil des ministres, en juin 1968, Gérard Longuet poursuit ses classes brunes au sein d’Ordre Nouveau, un autre groupuscule d’extrême-droite guère plus pacifique. Emmenés par Alain Robert, les nervis d’Ordre Nouveau constituent en octobre 1972 le noyau fondateur, et dirigeant, du Front national. Le toujours jeune et fringant Longuet, 26 ans, n’a alors qu’un reproche à faire au nouveau président du FN, un certain Jean-Marie Le Pen : il le trouve un rien « mollasson ». A ses yeux, Le Pen est suspect de faire preuve d’une tendresse coupable à l’endroit de la « République corrompue » et d’un système parlementaire qu’il juge vermoulu. Longuet réussit toutefois à se faire adopter par Le Pen.
C’est un familier de la villa Poirier, l’appartement des Le Pen situé dans le XVe arrondissement de Paris qui sera soufflé par un attentat en 1976. Longuet pèse tellement dans l’appareil fantomatique du FN que c’est lui, tout juste sorti de l’ENA en 1973, qui va être l’un des principaux rédacteurs du premier programme économique du Front national. Dans le minuscule parti d’extrême droite, les cadres efficaces et les technocrates brillants sont rarissimes.
Longuet prend donc la plume pour pondre une brochure de 31 pages qui s’intitule « Défendre les Français ». De longs passages sont consacrés à la famille, à la jeunesse, « gagnée par la pourriture, le gauchisme, le hippysme, la drogue, le conformisme et l’apolitisme ». Le texte fustige également avec virulence « les tentatives de politisations générales conduites dans les lieux d’enseignement comme dans les entreprises ou les services communaux ». Enfin, le programme réclame une amnistie totale pour les anciens terroristes de l’OAS, dont la geste meurtrière a toujours fasciné Longuet.
Adolescent, le petit Gérard était farouchement attaché à la défense de l’Empire colonial français. Cultivant une veine héritée du combat poujadiste, la brochure défend également les PME, les petits commerçants, les libertés syndicales ou encore la « neutralité de l’ORTF ». Enfin, à propos de l’immigration, « le FN exige que soit mis fin aux politiques absurdes qui tolèrent une immigration sauvage dans des conditions matérielles et morales désastreuses pour les intéressés et déshonorantes pour notre pays ».
Toutefois, si les convictions sont inébranlables, chevillées au corps, l’ambition n’est pas moins présente. Le jeune énarque a soif de pouvoir. Il rêve de devenir vite député, puis ministre et a conscience de perdre son temps à l’extrême-droite. Gérard Longuet ne tarde donc pas à se recycler au Parti Républicain (PR) dès le milieu des années 1970. Sans perdre tout-à-fait des idées qui seront plus d’une fois à l’origine de rechutes, en particulier sur l’immigration.
Il n’empêche qu’à l’extrême-droite, Longuet, qui était à l’orée des années 1970, l’un des plus prometteurs rejetons de Le Pen, passe pour un traître. Un renégat qui aura vendu des convictions d’airain pour une carrière de notable repu. Si bien que lorsque Longuet devint ministre du gouvernement Chirac, en 1986, puis du gouvernement Balladur en 1993, on se mit à entendre fréquemment dans les cortèges du Front national de jeunes insolents scander à son adresse : « Longuet, paye ta cotise ! »
En se tournant résolument vers Marine Le Pen, il semble bien que Gérard Longuet ait décidé de payer ses arriérés et de se mettre à jour.
Par Renaud Dély
NouvelObs.fr
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