Archive pour la catégorie 'Politique'

La lettre de Laurent Joffrin……………………(05/09/2019)

Libération 05 septembre 2019
Laurent Joffrin
La lettre politique
de Laurent Joffrin

Les «antisystèmes» du système

Proclamer la naissance du nouveau monde… pour préserver l’ancien. La désaffection des électeurs envers les partis traditionnels et l’apparition de nouvelles têtes dans la plupart des démocraties viennent illustrer une nouvelle fois la très classique maxime du prince de Salina dans le Guépard «Il faut que tout change pour que rien ne change.»

Jusqu’à une date récente, il était entendu qu’il y avait d’un côté les «hommes (ou les femmes) du système» – en gros, la classe politique traditionnelle, vouée à la conservation ou à la réforme prudente de l’état des choses –, et, de l’autre, une escouade bigarrée d’outsiders sommaires et brutaux portés au pinacle par la vague populiste. Trump aux Etats-Unis, Bolsonaro au Brésil, Orban en Hongrie, Le Pen en France, Farage ou Johnson en Grande-Bretagne, Duterte aux Philippines, incarnaient ce type de leaders forts en gueule, démagogues, intolérants et souvent xénophobes.

Décidément créative, la politique démocratique a inventé, peut-être comme un antidote, une nouvelle forme de responsables politiques, tout aussi étrangers à la classe politique d’antan, mais tenants de politiques furieusement «mainstream». Emmanuel Macron fut le premier d’entre eux, franc-tireur inconnu du grand public, jamais élu auparavant, qui a battu à plate couture les caciques de «l’ancien monde», promis une «révolution» pour mener une politique traditionnelle, pro-européenne et de centre droit, à coups de réformes inspirées d’un libéralisme mâtiné de social, tout à fait conforme aux vœux de l’establishment français. «Révolution» de courte durée : trop pressé dans sa première année, ayant dressé contre lui une bonne partie de la population, Emmanuel Macron ralentit le rythme des réformes, cherche l’appui des corps intermédiaires, multiplie les consultations, jusqu’à marcher somme toute dans les pas de son prédécesseur Hollande qu’il avait voué aux gémonies.

De la même manière en Ukraine, un comédien, rendu célèbre par une série télévisée, balaie dans une campagne éclair le paysage politique ancien, suscite un raz-de-marée électoral, prend le contrôle du Parlement, pour lancer au bout du compte une politique fort prudente de réformes intérieures, de rapprochement avec l’Union européenne et l’Otan, et de discussions plutôt accommodantes avec le voisin russe. Tout le contraire d’un casseur d’assiettes.

En Italie, après avoir piloté tant bien que mal un attelage infernal entre la Ligue d’extrême droite et le mouvement Cinq étoiles, Giuseppe Conte, Premier ministre sorti de nulle part sinon d’une université, prend soudain une épaisseur politique, désavoue Matteo Salvini et se retrouve à la tête d’une coalition de centre gauche qui annonce son intention de renouer avec l’Union européenne et de gouverner avec sagesse l’économie du pays.

Ainsi «le système» a-t-il finalement produit des «antisystèmes» dédiés à la préservation du «système». Joli tour de passe-passe, qui a néanmoins son inconvénient : ainsi En marche, mouvement antisystème très vite institutionnalisé, suscite désormais en son sein ses francs-tireurs à leur tour lancés dans le même genre de brillante entourloupe. La macronie trop vite changée en parti classique, avec discipline de vote, investitures et commission électorale, voit naître en son sein une dissidence spectaculaire en la personne de Cédric Villani, candidat «antisystème» de «l’antisystème prosystème», qui se présente contre le candidat officiel d’En marche tout en se réclamant de l’esprit initial du mouvement. Dans plusieurs villes, Montpellier ou Sens par exemple, la même opération se dessine, qui verrait des macroniens se retourner contre la macronie pour se vêtir du manteau chatoyant de la dissidence à l’intérieur de la dissidence.

Du coup le «nouveau monde» prend un coup de vieux, relégué dans les limbes d’un changement déjà flétri par des adeptes du «changement dans le changement», le tout pour faire à peu près la même chose. Ce qui tend à prouver que cette distinction ébouriffante entre «nouveau monde» et «ancien monde» n’est qu’une vaste faribole. La question est moins de savoir si une politique est neuve ou classique, mais si elle est juste, efficace et conforme aux intérêts du peuple. Mais ce sont sans doute là critères tristement anciens…

Effrayés par la possible multiplication des Villani, les responsables d’En marche crient à la trahison, ce qui n’est guère audible dans la mesure où ils ont eux-mêmes bâti leur succès sur une trahison précédente. Ils peuvent désormais méditer sur cette question ironique et profonde à la fois : trahir un traître, est-ce trahir ?

LAURENT JOFFRIN
 
Publié dans:Politique |on 5 septembre, 2019 |Pas de commentaires »

Quelle clique………………………..(04/09/2019)

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« Il applique ce qu’il a aimé chez Macron » : Cédric Villani, le candidat dissident à la mairie de Paris qui casse les pieds de La République en marche
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Entre amis………………………….(04/09/2019)

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Les ministres candidats aux municipales de 2020 pourront rester au gouvernement pendant la campagne, annonce Edouard Philippe
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La lettre de Laurent Joffrin……………………..(03/09/2019)

Libération 03 septembre 2019
Laurent Joffrin
La lettre politique
de Laurent Joffrin

Griveaux et les «abrutis»

Benjamin Griveaux s’est platement excusé auprès de la mère d’Hugues Renson, élu d’En Marche un temps aspirant maire de Paris. Il était temps : cet été, commentant en privé la floraison de candidatures En Marche pour la mairie de Paris, il avait qualifié aimablement ce Renson de «fils de p…»,ce qui lui avait permis d’insulter deux personnes en une seule formule, rapportée ensuite par le Point. Rencontrant la supposée «p…» en question il y a quelques jours, il lui a dit sous forme de boutade : «J’ai eu des propos peu amènes à votre égard, madame, mais c’était parce que je ne vous avais pas rencontrée.» Le geste est méritoire, mais l’explication étrange. Si l’on prend cette amende honorable au pied de la lettre, il en ressort que Griveaux a tendance à tenir les femmes qu’il ne connaît pas pour des «p…»,ce qui élargit nettement le cercle de ses détestations potentielles. On pense à ce vieux proverbe à la fois machiste et méditerranéen (dit-on) : «Toutes les femmes sont des p…, sauf ma mère qui est une sainte.» Comme quoi, le nouveau monde souffre parfois des réminiscences de l’ancien.

On n’ose imaginer, du coup, ce que Benjamin Griveaux pense de la mère de Cédric Villani, lequel envisage très sérieusement de se présenter à l’élection parisienne tout en se réclamant lui aussi de la République en marche, ce qui pourrait obérer les chances du candidat officiel. On sait en revanche ce qu’il pense du fils de cette innocente mère de famille. Villani n’a, selon lui, «pas les épaules» pour ce genre de campagne. Il concède toutefois que son concurrent «est plus intelligent que les autres», ce qui est un demi-compliment, puisque Griveaux tient ceux qui guignaient la mairie de Paris au sein d’En Marche pour une bande «d’abrutis». Villani est ainsi un «abruti» plus «intelligent» que les autres «abrutis». L’intéressé pourrait en être blessé s’il n’avait pas reçu la médaille Fields, l’équivalent du prix Nobel en mathématiques, ce qui atteste, en principe, d’une certaine agilité intellectuelle.

Cette compétition fratricide va en tout cas pimenter la course à l’hôtel de ville parisien. Villani semble décidé à aller jusqu’au bout. Deux signes ne trompent pas : il a changé de coupe de cheveux, passant du style Musset à celui du pubard moyen ; il a abandonné la lavallière et le bijou en forme d’araignée qu’il portait entre ces deux épaules qu’il n’a pas (selon Griveaux) et qui en faisaient un personnage reconnaissable par son excentricité assumée. Paris vaut bien une araignée.

Villani est un faux farfelu qui prépare sa candidature aussi méthodiquement qu’il a conduit sa carrière de mathématicien. Il confesse même en privé, dit-on, qu’il vise à terme l’Elysée. Pour cette première étape, il a réuni un brillant comité de soutien et les sondages lui prédisent une bonne prestation dans le scrutin. Mais il pourrait aussi faire les affaires d’Anne Hidalgo en divisant les voix d’En Marche, assurant ainsi la réélection de la socialiste. Si tel était le cas, on devine ce qu’Emmanuel Macron pourrait dire à son tour – et en privé – des candidats En Marche à Paris, Griveaux compris : «une bande d’abrutis».

LAURENT JOFFRIN
 
Publié dans:Politique |on 3 septembre, 2019 |Pas de commentaires »

On récompense les « amis »…………………………(03/09/2019)

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Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites, entre au gouvernement
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La lettre de Laurent Joffrin………………………..(02/08/2019)

Libération 02 septembre 2019
Laurent Joffrin
La lettre politique
de Laurent Joffrin

Jadot entre melon et citrouille

Blague entendue dans un cercle de gauche : au siège d’Europe Ecologie-Les Verts, il a fallu élargir la porte d’entrée, la tête de Yannick Jadot n’y passait plus. Variante proposée la semaine dernière par Ian Brossat, révélation communiste des élections européennes, qui se plaint de la posture du leader écologiste : «Fort heureusement, la saison du melon s’achève.» C’est un fait que les quelque 12% obtenus par la tête de liste écologiste aux européennes ne l’ont pas incité à la modestie. Situation risquée. Le melon en politique est une plante hallucinogène et souvent les carrosses espérés se changent en citrouille.

Jadot a compris le message et gommé, comme ce week-end sur France-Inter, ou sur Radio-Classique ce matin, les maladresses nées de l’ivresse du succès. Fort de son embellie électorale et sondagière (notamment dans les enquêtes portant sur les municipales), il se voit présidentiable – c’est le droit de tout leader politique. Il estime surtout que les autres formations, survivances décaties d’un passé révolu à ses yeux, doivent désormais venir à résipiscence et se rallier sans moufter à son panache vert. Outre que c’est entamer la discussion par une humiliation, ce qui n’est guère habile, l’absorption de toute la gauche dans l’écologie pose tout de même quelques problèmes. Et notamment celui-ci : quelle écologie défend-il ?

Chacun s’accorde sur l’urgence de la situation, mais avec des divergences en fait profondes. Il y a, non pas cinquante nuances de vert, mais trois principales. Du vert foncé au vert pâle, on trouve d’abord les «effondristes» ou «collapsologues», qui annoncent l’apocalypse pour demain ou presque. En parlant de «la fin du monde», en agitant le spectre de la chute de civilisation, les leaders écolos semblent parfois s’y rallier. Mais si tel est l’avenir proche, il faut réagir par des mesures d’une extrême radicalité, proches de celles qu’on prend en temps de guerre : rationnement, sortie des énergies fossiles en quelques années, mode de vie austérissime, etc. Jadot, très clairement, sans jamais nier les risques nés de la situation de la planète, écarte cette vision des choses. Il plaide au contraire pour une écologie «souriante», tout le contraire des lugubres prophéties de la collapsologie.

D’autres plaident pour la décroissance, sans la définir d’ailleurs très précisément (on parle alors de «post-croissance», concept flou à souhait). Mais si le PIB se contracte rapidement, d’une manière ou d’une autre, comment financera-t-on les investissements massifs nécessaires à l’isolation des bâtiments, au développement des énergies renouvelables, à l’instauration d’un système de transport zéro carbone, comment organisera-t-on la compensation monétaire dont les classes populaires auront besoin pour ne pas voir leur niveau de vie, déjà éthique, diminuer brutalement ?

Le troisième courant, celui de la «croissance verte», très contesté dans les cercles militants, mais majoritaire parmi les responsables politiques sensibles à l’écologie, estime qu’on peut concilier développement et écologie. Suppose-t-il le maintien d’un système de marché ou le passage à une économie beaucoup plus collective qui nous ramène aux problématiques classiques du socialisme et, si oui, dans quelles conditions ? Jadot semble se rattacher à cette stratégie : il accepte l’économie de marché (régulée) et fait l’éloge des entreprises (responsables), ce qui le rapproche des sociaux-démocrates européens. Mais il élude discrètement la question de la croissance. Quelle est sa véritable position ? Mystère et boule de gomme (végétale).

Ces affaires, qui sont très sérieuses, ne mériteraient-elles pas discussion publique au-delà du parti vert, d’autant qu’il faut aussi définir une ligne de conduite sur des sujets plus éloignés de la problématique écologique, tels que l’immigration, la laïcité, l’éducation, la politique étrangère, le sort des classes populaires, les zones désindustrialisées, les services publics, la santé, sur lesquels les Verts défendent des positions qui ne sont pas celles de toute la gauche. Le rapport à la nature est décisif dans tout projet futur. Il n’épuise pas tous les problèmes, loin de là. Voilà qui suppose débat précis et stratégie cohérente. En un mot, pour envisager l’avenir de la planète, chacun comprend qu’il faut redescendre sur terre.

LAURENT JOFFRIN
 
Publié dans:Politique |on 2 septembre, 2019 |Pas de commentaires »

C’est la rentrée pour tous…………………………..(01/09/2019)

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Retours dans la rue, leaders en retrait, annonce d’un « septembre noir »… Quelle rentrée pour les « gilets jaunes » ?
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La lettre de Laurent Joffrin……………….(28/08/2019)

Libération 28 août 2019
Laurent Joffrin
La lettre politique
de Laurent Joffrin

L’autre vainqueur de Biarritz

Ave Macronus ! La plupart des commentateurs, Libé compris, ont à juste titre salué le succès – médiatique mais pas seulement – remporté par Emmanuel Macron à l’occasion du symposium de Biarritz. On a oublié l’autre gagnant de ce G7 devenu G2 : Donald Trump.

Mielleux, conciliant, chaleureux, laudatif, presque délicat, le tigre bling-bling de la Maison Blanche s’est changé soudain en Raminagrobis, ce«saint homme de chat, bien fourré, gros et gras», rond et ronronnant à souhait. Ce moment bisounours lui a d’abord permis de regagner des galons de chef d’Etat responsable, de spécialiste en «deals», capable lui aussi, tel Theodore Roosevelt, tonitruant président américain des années 1900, de changer sa manière en «parlant doucement avec un gros bâton». Toujours utile en période de campagne électorale.

Mais surtout, sur le fond, il revient avec quelques bonnes prises dans sa besace. Dans l’affaire iranienne, nombre de responsables et de commentateurs avaient stigmatisé sa rupture unilatérale de l’accord sur le nucléaire contracté avec Téhéran. Le compromis signé par Obama et les autres puissances démocratiques avait l’immense mérite, contrôle international à l’appui, d’écarter la menace de la bombe iranienne. La rupture, geste brutal et inconsidéré, autorisait le régime des mollahs à reprendre la construction d’une arme nucléaire, ce qu’il a commencé de faire. Voilà que la lune de miel macronienne avalise, justifie, légitime désormais, ce coup de force diplomatique. Il s’agit maintenant, a dit le président français, de négocier un nouvel accord, plus large, qui élimine le risque de prolifération nucléaire et garantisse une meilleure stabilité dans la région. Exactement l’objectif que Donald Trump s’était fixé en rompant avec éclat le compromis obtenu par Obama. Mieux : le durcissement des sanctions contre l’Iran, dixit Macron, rend la négociation plus aisée. Erreur en deçà de Biarritz, utile manœuvre au-delà. Dès lors, le président américain aura beau jeu d’expliquer à ses électeurs que son coup de force partout fustigé aura permis de renégocier l’accord. A condition que les Iraniens l’acceptent, ce qui n’a rien d’acquis…

Même chose dans l’affaire amazonienne. Trump consent à prévoir une aide de 20 millions de dollars destinée à lutter contre les incendies qui ravagent cette immense forêt, si utile dans la lutte pour le climat. Concession hautement médiatisée et célébrée. Sauf que chacun voit maintenant que cette somme est en fait dérisoire au regard des enjeux, et que la mesure décidée en commun n’empêche en rien Trump, deux jours après le sommet, d’apporter un éclatant soutien à Bolsonaro l’incendiaire, quelles qu’aient pu être les insultantes éructations proférées par le butor brésilien contre le couple présidentiel français. Trump accepte un geste vert symbolique qui flatte son hôte de Biarritz, pour mieux conforter son climatosceptique allié de Brasília. Passez, muscade…

LAURENT JOFFRIN
 
Publié dans:Politique |on 28 août, 2019 |Pas de commentaires »

Folamour se radoucit……………..(27/08/2019)

Donald Trump avait quitté Washington pour le sommet du G7, en France, le 23 août, en laissant derrière lui une capitale fédérale médusée. Il venait de relancer spectaculairement sa guerre commerciale avec la Chine après un incident diplomatique avec le Danemark, qui avait répondu par une fin de non-recevoir à l’hypothèse d’un achat du territoire autonome du Groenland. Ce tumulte avait ravivé le souvenir du G7 précédent, au Canada, marqué par le refus brutal de Donald Trump de soutenir le communiqué final, et fait craindre de nouveaux dérapages.

Lire aussi A Biarritz, Macron réussit un sommet du G7 qui s’annonçait pourtant délicat

Il n’en a rien été. A Biarritz, sans rien retrancher de ses divergences avec ses pairs sur le climat, le commerce international ou la place de la Russie, le président des Etats-Unis s’est gardé du moindre coup d’éclat. Sa proposition de réintégrer la Russie dans ce club s’est heurtée à un mur, alors qu’il met cette éviction liée à l’annexion de la Crimée, en 2014, sur le compte de son prédécesseur Barack Obama, furieux, selon lui, que le président russe, Vladimir Poutine, se soit montré « plus malin que lui » lors de cette crise.

Rien à gagner à mettre en évidence son isolement

Après avoir enregistré également les rebuffades courtoises du premier ministre japonais, Shinzo Abe, et du Britannique, Boris Johnson, sur le commerce international, ou encore le refus du premier ministre indien, Narendra Modi, également présent, d’une médiation américaine dans la crise avec le Pakistan sur le Cachemire, Donald Trump a manifestement considéré qu’il n’avait rien à gagner à mettre en évidence son isolement.

La seule manifestation ostensible de ses désaccords a été son absence à la session consacrée à l’environnement. La Maison Blanche l’a justifiée par des rencontres concomitantes avec la chancelière allemande, Angela Merkel, et le premier ministre indien. Les chaînes de télévision américaines n’ont pas manqué de diffuser des photos attestant pourtant de la présence de ces deux responsables à cette même réunion. Donald Trump a assumé sa désinvolture en vantant les énergies fossiles lors de la conférence de presse tenue au terme du G7. « Les Etats-Unis ont une richesse énorme. La richesse est sous nos pieds », a-t-il dit. « Je ne vais pas perdre cette richesse dans des rêves, dans des moulins à vent », a-t-il insisté.

Publié dans:Politique |on 27 août, 2019 |Pas de commentaires »

La lettre de Laurent Joffrin………………………….(26/08/2019)

Libération 26 août 2019
Laurent Joffrin
La lettre politique
de Laurent Joffrin

Un G7 de dingues

Ainsi Donald Trump, jamais à court de solutions ingénieuses, a suggéré de lancer une bombe nucléaire sur le prochain ouragan qui s’aviserait de s’approcher des côtes américaines. Voilà qui dissuaderait à coup sûr les futures agressions cycloniques. Cohérente avec ses convictions protectionnistes, la proposition du président américain avait déjà été envisagée à la fin des années 40 par quelques docteurs Folamour de la météo yankee, puis rejetée – chose étonnante – en raison des risques de retombées radioactives.

Le même professeur Nimbus de la Maison Blanche a aussi envisagé d’acheter le Groenland, qui n’est pas à vendre, de manière à étendre très pacifiquement le territoire américain. «Make America Great Again»… Il est vrai que les Etats-Unis avaient déjà acheté la Louisiane à Napoléon, qui avait besoin d’argent pour la Grande Armée. Malheureusement, le gouvernement danois, n’ayant pas l’intention d’envahir l’Europe à la tête de ses grognards, a demandé au président américain de redescendre sur terre, ce que l’intéressé a mal pris. Il a annulé une visite prévue au Danemark, ce qui a probablement soulagé plus que peiné les autorités de Copenhague.

A lire aussiG7 : Trump, l’éléphant dans un magasin de porcelaine

Sur un mode moins agressif, mais guère plus réaliste, Boris Johnson, nouveau Premier ministre britannique, une sorte de Trump de la gentry, a expliqué à ses partenaires européens qu’il pourrait instaurer entre les deux Irlande, hard Brexit oblige, une frontière à la fois efficace et invisible, un peu comme naguère le magicien David Copperfield pouvait faire disparaître et apparaître un avion sous les yeux ébaudis d’un public incrédule.

Dans le même esprit, Jair Bolsonaro, président du Brésil plein d’esprit et de ressources, fâché de voir la planète s’intéresser au sort de l’Amazonie, c’est-à-dire à son propre sort, a d’abord indiqué que cette question ne regardait personne en dehors de lui, puis que les incendies gigantesques qui détruisent la forêt avaient été allumés par les ONG vicieuses auxquelles il avait coupé les vivres, et enfin, comme Emmanuel Macron, hôte du G7, a eu le front s’insister, il lui a cloué le bec en se moquant, dans un rare accès d’élégance, du physique de son épouse Brigitte.

Voilà le genre de personnage que la vague national-populiste a fait éclore sur la scène mondiale et avec lesquels Emmanuel Macron a dû composer pendant ces trois jours de discussions du G7 de Biarritz, pour tâcher d’arriver à des déclarations – et à des décisions - à peu près sensées. Ne serait-ce que pour cette performance, il mérite l’indulgence des commentateurs. A-t-il réussi son affaire ? On ne peut guère lui reprocher une quelconque apathie. Tel le furet courant partout, il s’est porté sur tous les fronts de l’hôtel du Palais, animant les conférences, alignant les tête-à-tête, multipliant les points de presse et les adresses à la nation, organisant même la visite surprise du ministre des Affaires étrangères iranien.

A lire aussiAu G7, Macron assure l’ambiance

Il en est ressorti une aide d’urgence pour l’Amazonie, un espoir d’apaisement dans la crise iranienne, un ton moins martial dans les tractations commerciales mondiales. Un succès, donc, qu’il faut reconnaître sans barguigner, sachant que ces conférences informelles ne sont pas destinées à prendre des décisions spectaculaires. Elément nouveau : Donald Trump a évité tout scandale, il n’a pas jeté la soupière à la tête de ses interlocuteurs, ni désavoué publiquement ses co-invités. C’est ainsi avec les caractériels, qui imposent leur rythme et leur style. Quand ils reviennent à un bon sens minimal, on leur attribue la sagesse de Socrate.

Ce G7 réfute au passage le leitmotiv qu’on entend psalmodier par tous les souverainistes de la terre : le multilatéralisme est mort, disent-ils, seules les relations bilatérales de nation à nation ont une pertinence. Tous ces «machins» collectifs, disent-ils, ONU, UE, OCDE, CSCE, sont des simagrées de Bisounours et de bien-pensants. Il faut revenir à la saine realpolitik des Etats défendant strictement leurs intérêts, comme au XIXe siècle. Outre que le G7 n’est pas exempt de realpolitik, on voit bien que ces conférences à plusieurs permettent de gagner du temps, de lever certains malentendus, de mobiliser des ressources. On voit surtout que la situation de cette planète de plus en plus interconnectée, qu’il s’agisse de culture, de conflits militaires, de négociations commerciales ou de questions climatiques, exige précisément des réponses collectives et non l’agitation disparate et vaine de nations éparpillées façon puzzle. Au moins les sept de Biarritz, dans un regain de rationalité inattendu, ont-ils contribué à le faire comprendre.

LAURENT JOFFRIN
 
26.08.19 Un G7 de dingues
24.08.19 A La Rochelle, les doutes ontologiques des militants PS
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La lettre de Laurent Joffrin...............................(26/08/2019) dans Politique YzqmOHYxKm4ufBxCTitU3A

 
 
 
 
 
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