Hier pour l’«apaisement», aujourd’hui en «rupture» ? Mais l’UDF et l’UMP restent très alliées localement…Par Gérard DENECKER
Libération du vendredi 6 avril 2007
Gérard Denecker professeur honoraire, ancien membre du comité directeur du PS.
«La rupture, c’est moi», monsieur Bayrou vient de faire cette confidence à Libé ( Libération d’hier) . Et quelle confidence ! Pour l’ «apaisé» d’hier, c’est comme un déni de lui-même…
C’est que monsieur Bayrou est depuis trente ans un routier de la politique. Elu cinq fois député, il a été neuf ans président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques et quatre ans ministre dans trois gouvernements (de droite) ! Ce qui ne l’a aucunement empêché de déclarer qu’ «on ne peut pas faire du neuf avec du vieux» …, fustigeant le «compère» de droite (monsieur Sarkozy) et la «commère» de gauche (madame Royal) pour avoir exercé «vingt-cinq ans le monopole du pouvoir».Mais alors, que faisiez-vous donc, monsieur Bayrou, pendant ces vingt-cinq années ?
N’avez-vous pas participé à ce pouvoir que vous vilipendez aujourd’hui aux côtés de votre «compère» Sarkozy ?
N’avez-vous pas appelé dans le Monde du 3 juin 2002 à l’ «union entre l’UMP et l’UDF» et confirmé le 23 octobre 2003 sur France Info que l’ «UDF fait partie de la majorité».
N’avez-vous pas soutenu, il y a quatre mois à Bordeaux la liste UMP-UDF d’Alain Juppé, dont le deuxième adjoint est aujourd’hui, avec votre toute fraîche bénédiction… le président de l’UDF de Gironde ?
Cette alliance RPR-UDF, puis UMP-UDF, que vous avez d’abord tenté de nous faire oublier en prétendant subitement être au-dessus de la mêlée, elle est partout visible dans nos villes, nos départements, nos régions. Vous-même êtes aujourd’hui vice-président de conseil général et député de cette alliance ! L’UDF a toujours recherché l’union de la droite pour avoir des élus, alors qu’elle ne cogère aucune collectivité territoriale avec la gauche…
A Drancy, par exemple, monsieur Lagarde, maire d’une liste UMP-UDF, est de fait candidat UDF unique de la droite en juin prochain.
Mais si vous vouliez maintenant la rupture, pourquoi accepteriez-vous que l’UMP réserve pour les prochaines législatives les circonscriptions des vingt-sept députés UDF sortants et participeriez-vous ainsi tacitement au jeu électoral malsain par ailleurs dénoncé ?
Mais si vous vouliez maintenant la rupture avec vos amis de droite, vous qui seriez «plus à gauche que les socialistes», ce dont votre attitude passée et présente fait quand même douter, qui pourrait vous croire si vous ne le faisiez pas tout de suite ?
Ce qui veut dire rupture des traditionnelles alliances avec l’UMP : pas de soutien UMP aux candidats UDF aux législatives, ni de soutien UDF aux candidats UMP, divorce des élus UDF et UMP dans les conseils régionaux, généraux et municipaux.
Un choix de rectitude politique, de morale civique, tout simplement !En seriez-vous capable ?
Vos amis, toujours élus avec les voix des électeurs de droite, en seraient-ils capables