Archive pour la catégorie 'PRESIDENTIELLES 2012'

Quel gouvernement ?…………………………..(10/05/2012)

Hollande : avec qui gouvernera-t-il?

Créé le 09-05-2012 à 16h59 – Mis à jour à 21h23 8 réactions

Nicolas Chapuis

Le futur président socialiste devra incorporer ses alliés dans son gouvernement. La répartition des postes sera un marqueur fort de l’orientation de sa politique.

Dans six jours, une fois investi, François Hollande pourra annoncer la composition de son gouvernement. Le Parti socialiste se réserve bien évidemment la plupart des postes. Mais François Hollande devra composer avec ses alliés et peut-être même élargir. Qui sera dans le prochain gouvernement ?

Ils y seront :

Accords électoraux obligent, François Hollande va devoir remercier ses alliés de la présidentielle. Parmi ceux-là, deux catégories se distinguent. Dans la première : ceux qui ont renoncé à la présidentielle pour se ranger derrière la candidature de François Hollande dès le premier tour.

Quel gouvernement ?................................(10/05/2012) dans Politique 3649694On pense d’abord au Parti radical de gauche (PRG) de Jean-Michel Baylet (photo ci-contre), seule formation politique à avoir participé aux primaires ouvertes organisées par le PS. Le patron du parti – accessoirement sénateur et propriétaire du journal « la Dépêche du midi » – espère être bien servi. Il a déjà été secrétaire d’Etat et ministre du Tourisme sous François Mitterrand. Une autre figure du parti est ministrable: Christiane Taubira, candidate à la présidentielle en 2002.

Le Mouvement républicain et citoyen (MRC) de Jean-Pierre Chevènement s’est aussi rallié à François Hollande avant le premier tour. Il avait laissé longtemps planer le doute quant à sa possible candidature. S’il est peu probable que l’ancien ministre de Mitterrand fasse un retour aux plus hautes fonctions, l’actuel président du mouvement, Jean-Luc Laurent, peut espérer une compensation pour avoir soutenu la campagne de Hollande.

Et puis il y a le cas particulier d’Europe Ecologie-les Verts. Le parti avait conclu un accord de gouvernement avec le PS avant le premier tour. Ils ont tout de même présenté la candidature d’Eva Joly avec un succès mitigé (2,31% des voix). Puis, sans surprise, la formation écolo s’est ralliée à François Hollande. Le conseil fédéral du parti a voté à plus de 83% en faveur d’une entrée au gouvernement.

Aujourd’hui, la mieux placée pour prendre un maroquin est Cécile Duflot. Pressentie à l’Environnement, la patronne du parti a une longueur d’avance sur les autres. Pour Daniel3650372 dans PRESIDENTIELLES 2012 Cohn-Bendit, interrogé sur Canal Plus, c’est déjà acté : « Elle y sera, elle aura un poste de ministre de l’Ecologie. » La principale intéressée, qui démissionnera de son poste à la tête du parti le 22 juin prochain, a posé ses conditions sur Europe 1 : « Ca dépend de ce qu’on propose, et de ce qu’on propose à d’autres. Et pour faire quoi? Et dans quel périmètre politique? » Les Verts essaient de négocier également pour les autres caciques du parti (l’ex-candidate Eva Joly et le sénateur Jean-Vincent Placé notamment). Le faible score de Joly ne plaide pas forcément en leur faveur. Daniel Cohn-Bendit y est lui carrément opposé. Il propose à la place d’autres noms : Nicolas Hulot, l’eurodéputé Yannick Jadot ou encore Stéphane Gatignon, le maire de Sevran.

Ils n’y seront pas :

En tout cas pas pour le moment… Le Front de gauche s’est prononcé contre l’entrée au 3651051gouvernement de ses cadres. Un proche de Jean-Luc Mélenchon prévient : « Les communistes n’iront pas, ou alors seulement les renégats. » Dans son style personnel, Mélenchon avait lui-même lancé à la tribune :  »Avec mes camarades du Front de gauche nous serons, maintenant et pour toujours, la force autonome, indépendante, exigeante, qui ne se marchande pas, qui ne tripote rien sur les coins de bistrots, qui ne s’arrangera avec personne d’autre qu’avec le peuple lui-même, et avec son propre programme. »

Pierre Laurent a confirmé que le Parti communiste était sur la même ligne. Pourtant le Front de gauche a fait campagne pour Hollande dans l’entre-deux-tours sans ménager ses forces. Mais jusqu’au bout, il a refusé de faire des meetings communs avec le PS, préférant organiser ses propres rassemblements pour appeler à battre Nicolas Sarkozy. Donc pas de Front de gauche dans le premier gouvernement. Cependant la porte n’est pas totalement fermée. A l’avenir, en cas de remaniement au milieu du quinquennat, et si les socialistes réorientent leur politique plus à gauche, le Front de gauche pourrait se révéler être un allié précieux. Quant à Jean-Luc Mélenchon lui-même, il avait assuré qu’il ne participerait pas à un gouvernement qu’il ne dirigerait pas. Et il n’apparaît pas dans les plans de Hollande de le nommer à Matignon dans l’immédiat…

Les partis d’extrême gauche comme le NPA et LO ont pour leur part toujours refusé de rentrer dans un gouvernement. Fermement opposés à la politique de Hollande, Olivier Besancenot, Philippe Poutou ou encore Nathalie Arthaud  ne devraient pas être de la partie.

Ils ne seraient pas contre :

Plus épineux est le cas du MoDem. François Bayrou a appelé dans l’entre-deux-tours à voter François Hollande « à titre personnel ». Cette décision n’engageait pas son parti. Mais beaucoup, au MoDem ne seraient pas opposés à entrer au gouvernement. C’est le cas de3651131 Jean-Luc Bennahmias qui, interrogé sur la question par le JDD, avait déclaré : « Le MoDem ne participera pas à une majorité. Mais si vous me parlez d’individus, il ne faut rien exclure. » François Bayrou, de son côté, n’a pas évoqué la question lors de son allocution jeudi dernier. Mais il a rappelé que « l’unité nationale devait prévaloir en cette période de crise. (…) Il appartiendra maintenant à François Hollande, s’il est élu, de réfléchir à la situation et de prendre en compte cette nécessité pour le pays. » L’élu centriste ne peut pas vraiment s’appuyer sur son score à la présidentielle (9,13%) pour être en position de force.

Du côté de François Hollande, la porte ne semble pas grande ouverte. Si les principaux leaders ont salué le ralliement de l’entre-deux-tours, Pierre Moscovici, le directeur de campagne du candidat PS, a rappelé :  »François Hollande a dit de la manière la plus claire qu’il gouvernerait sur son projet, à gauche, qu’il aurait un Premier ministre socialiste. » L’aile gauche du parti est très opposée au fait de gouverner avec le MoDem. Jean-Luc Mélenchon aussi verrait cela comme d’un très mauvais oeil. Or, le prochain président n’a aucun intérêt à se mettre à dos le futur groupe Front de gauche à l’Assemblée.

Avant de penser à l’entrée au gouvernement d’un centriste, le PS doit d’abord régler la question des investitures aux législatives. Ce matin, le parti a annoncé que la candidate PS dans la circonscription de François Bayrou avait été maintenue. Yann Wehrling, le porte-parole du MoDem souhaitait atteindre les 15 députés (contre 4 actuellement). Les négociations ne font que commencer.

Nicolas Chapuis

Publié dans:Politique, PRESIDENTIELLES 2012 |on 10 mai, 2012 |Pas de commentaires »

« Le changement, c’est maintenant »…………………..(10/05/2012)

François Hollande : le changement de style, c’est maintenant

Créé le 09-05-2012 à 17h53 – Mis à jour le 10-05-2012 à 06h44 15 réactions

Tristan Berteloot

Par
Journaliste

Cinq ans après la soirée du Fouquet’s de Nicolas Sarkozy, le président élu tient à afficher des signes clairs de ce que sera la présidence « normale ».

François Hollande et Nicolas Sarkozy lors de la cérémonie du 8 Mai. (GOUHIER-GUIBBAUD)

François Hollande et Nicolas Sarkozy lors de la cérémonie du 8 Mai. (GOUHIER-GUIBBAUD)

6 mai 2007, second tour de l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy célèbre sa victoire au restaurant des Champs-Elysées « Le Fouquet’s », entouré de grandes fortunes amies et riches patrons du CAC 40, donateurs et soutiens de prestige. Le lendemain, le président élu s’envole vers Malte pour une croisière sur « le Paloma », un yacht de luxe appartenant au milliardaire Vincent Bolloré. Il y passera trois jours, dont le 8 Mai, après avoir refusé l’invitation du président sortant Jacques Chirac à participer à ses côtés à la commémoration de la fin de la Seconde guerre mondiale, justifiant mollement sa décision : « Je ne veux pas donner l’impression d’une République à deux têtes ». Le message aux Français est désastreux et marquera au fer rouge le champion de l’UMP jusqu’à la fin de son mandat. Nicolas Sarkozy, « bling-bling » à la quête impossible de la présidentialisation, comme si le sort du président de la République pouvait être définitivement scellé au soir de son élection.

Cinq ans plus tard, son successeur François Hollande, président du « changement », veut éviter à tout pris ces écueils. D’aucuns s’empresseront de souligner qu’il a relié Tulle à Paris le soir de son élection en jet privé, une location à 30.000 euros pour deux appareils payée par le Parti socialiste, à une heure où aucun train ne relie la commune de Corrèze à la capitale française. Sitôt élu, le socialiste a surtout enfilé ses habits de président pour se rendre à son QG de campagne, transformé en QG de transition jusqu’au 15 mai, date de la passation de pouvoirs, pour une journée de travail. Au lendemain de son élection, François Hollande tient à afficher des signes clairs de ce que sera la présidence « normale ».

Prêt-à-porter et Citroën DS5

Sa première mesure ? A en croire son programme, ce devrait être la réduction de la rémunération du chef de l’État et des membres du gouvernement de 30%, par un décret signé lors du premier conseil des ministres. Une décision qui prend à contre-pied celle, tant critiquée, de Nicolas Sarkozy, d’augmenter le salaire du président de la République de 172%. Et elle s’inscrit dans une logique d’assainissement des comptes publics en période de crise.

Aurait-il pu préférer son appartement du XVe arrondissement de Paris à l’Elysée que François Hollande l’aurait fait, dit-il. Mais pour des raisons de sécurité, un président – même « normal » – ne peut habiter dans un immeuble collectif. « Ça oblige à bloquer la rue, à contrôler tous les gens qui habitent dans l’immeuble, c’est compliqué… », a indiqué sa compagne, Valérie Trierweiler dans « la Dépêche ». La journaliste elle-même ne tranche-t-elle pas avec le style de l’ex-première dame de France et ex-mannequin Carla Bruni? « Pour le moment, je m’habille en prêt-à-porter. Jusqu’ici, c’était Georges Rech et Apostrophe, qui sont du prêt-à-porter de qualité que je portais à la télévision. Je n’ai jamais porté de robes de grands couturiers », assure-t-elle au « Times ».

À l’inverse de son prédécesseur, François Hollande a accepté l’invitation du président sortant à participer aux commémorations du 8 Mai. Une parenthèse républicaine avant de se replonger dans les dossiers internationaux et la formation du gouvernement. L’occasion pour lui de défendre hier « la patrie retrouvée » après une campagne éprouvante.

Le lendemain, il s’offre quelques heures de repos au Grand palais, pour voir l’expo Buren et choisit sa voiture de fonction : une Citroën DS5 hybride, très écologique, consommant moins de cinq litres aux 100 km et… made in France.

Tristan Berteloot

Par
Journaliste

NouvelObs.fr

Publié dans:Politique, PRESIDENTIELLES 2012 |on 10 mai, 2012 |Pas de commentaires »

L’analyse du scrutin du 6/05/2012……………(9/05/2012)

Un parfum de vote de classe

Analyse Pour la première fois depuis longtemps, la gauche redevient majoritaire dans les couches populaires.

Par François Wenz-Dumas

Trente ans : c’est le temps qu’il aura fallu à la gauche pour renouer avec ses fondamentaux. En 1981, François Mitterrand avait été élu comme candidat de la classe ouvrière et des jeunes, face à un Valéry Giscard d’Estaing associé aux diamants de Bokassa, qui tentait de faire peuple en jouant de l’accordéon dans les bals du troisième âge. Puis l’image de la gauche s’est brouillée.

D’abord à cause de Jacques Chirac et de sa «fracture sociale» en 1995. Puis à cause de Nicolas Sarkozy qui se posait en 2007 en champion du «travailler plus pour gagner plus» face à une gauche «boboïsée» alliée à des bataillons de fonctionnaires soi-disant arc-boutés sur leurs privilèges. Jusqu’au 1er mai dernier, où Nicolas Sarkozy prétendait incarner une droite populaire défendant le «vrai travail» contre une gauche des élites et des assistés.

Notre sondage postélectoral réalisé par Viavoice pour Libération (1) remet les pendules à l’heure. «C’est l’échec de la tentative de Nicolas Sarkozy de fédérer les Français les plus modestes contre les élites», souligne François Miquet-Marty, directeur associé de Viavoice. Révélateur : quand on interroge les Français sur les raisons du vote sanction contre Sarkozy, la première réponse est : «Il est le président des riches.» Et, s’il a été battu, la crise n’y est pour rien : «Il ne peut s’en prendre qu’à lui-même», répond une majorité de personnes interrogées.

Alliance. Ce sont les jeunes, les ouvriers et les employés, tous ceux qui trouvent que «la vie est dure» pour eux et qui ne se sentent pas «pris en compte dans la société actuelle», qui ont très majoritairement voté pour François Hollande. Les «cadres et professions intellectuelles» aussi, objectera-t-on, et c’est cette alliance qui peut expliquer la victoire du candidat socialiste. Mais, pour la première fois depuis longtemps, la gauche redevient majoritaire dans les couches populaires : 58% des employés et 68% des ouvriers ont voté Hollande.

Les 52% de Sarkozy chez les retraités ne suffisent pas à inverser le résultat. De même que le vote à 60% des 65 ans et plus pour le candidat sortant ne parvient pas à compenser les 60% de moins de 25 ans qui ont voté pour Hollande, lequel fait aussi le plein (56%) dans le cœur de cible de la population active que sont les 35-49 ans.

On avait noté au premier tour que Marine Le Pen avait su capter une part non négligeable (28%) de l’électorat ouvrier et obtenait son meilleur score chez les 25-34 ans. Au second tour, ces deux catégories ont soit rejoint Hollande, soit gonflé le chiffre des abstentionnistes (32% chez les ouvriers contre 19,7% dans l’ensemble).

Si Nicolas Sarkozy a vu se reporter sur lui les voix de 54% des électeurs de Marine Le Pen, cela n’a pas modifié la structure de son électorat, plus âgé que celui de François Hollande et centré sur la classe moyenne et les retraités. Et le fait que les électeurs de François Bayrou se soient finalement, malgré le choix personnel de leur candidat, reportés davantage sur Sarkozy (44%) que sur Hollande (38%) n’a fait que conforter le profil «droite traditionnelle» de l’électorat sarkozyste.

«Le problème de Nicolas Sarkozy, ce que les Français lui reprochent, c’est sa façon d’être et de faire. Il n’a pas su porter sa fonction au-dessus de sa personne, souligne le politologue Stéphane Rozès, président de CAP (Conseil, Analyses, Perspectives), et du coup il n’a pas réussi à rendre crédible la posture de défenseur du peuple contre les élites qu’il avait adoptée depuis 2007.»

«A rebours». Peut-on pour autant parler d’un «vote de classe» pour Hollande contre Sarkozy ? Plus simplement que «le chef de l’Etat sortant a été délégitimé sur le terrain social au moment où la question sociale se faisait plus pressante dans la société française», note François Miquet-Marty : «C’est ce qui s’appelle être à rebours de l’histoire.»

(1) Réalisé les 6 et 7 mai par téléphone auprès de 1 507 personnes.

NouvelObs.fr

 

L’analyse de Renaud Dély……………….(08/05/2012)

Sarkozy, l’homme qui n’a jamais fait Président

Créé le 07-05-2012 à 21h23 – Mis à jour le 08-05-2012 à 14h42 136 réactions

Renaud Dély

Et si le Président sortant avait perdu dès le soir de son élection, le 6 mai 2007, vers 21h15, en entrant au Fouquet’s…

Nicolas Sarkozy, le 7 mai à l'Elysée (BERTRAND LANGLOIS / AFP)

Nicolas Sarkozy, le 7 mai à l’Elysée (BERTRAND LANGLOIS / AFP)

Candidat sortant devenu Président sorti, Nicolas Sarkozy a-t-il jamais été vraiment chef de l’Etat ? Au moment où l’intéressé confirme qu’il entend abandonner la politique active et qu’il ne briguera en aucune manière la reconquête du siège perdu dimanche au fond des urnes, il est temps de se poser la question. Attention, Nicolas Sarkozy a, bien entendu, été un président de la République parfaitement légitime, élu en 2007 dans des conditions irréprochables, et qui a exercé la plénitude de son mandat cinq ans durant en respectant toutes les règles démocratiques.

Mais pour autant, a-t-il vraiment été chef de l’Etat ? Chef, assurément, mais l’Etat, avec tout ce que ce concept signifie de pompe désuète et de majesté, de consensus républicain et de rassemblement de la Nation, l’Etat donc, l’a-t-il bien représenté ? A-t-il même tout simplement cherché à l’incarner ? Pourquoi diable a-t-il du attendre d’être vaincu pour s’efforcer de le faire ? Dimanche soir d’abord, puis lors de la cérémonie du 8 Mai où il a fait preuve de grandeur et de dignité en y associant pleinement son successeur élu au nom de l’esprit republicain et de la continuité de l’Etat.Tel est le drame du mandat qui s’achève, la tragédie qui en a scellé le sort dès l’aube du quinquennat.

En fait, Nicolas Sarkozy a perdu l’élection de 2012… le 6 mai 2007 au soir. Il l’a perdu très exactement à 21h15, en pénétrant dans le restaurant du Fouquet’s, sur les Champs-Elysées. En rejoignant une batterie de grandes fortunes amies et de patrons du CAC 40 pour célébrer sa victoire, le nouvel élu brisait d’entrée la filiation supposée lui faire prendre place dans le lignage de ces monarques républicains que nous donne l’élection du Président au suffrage universel. Il choisissait la fête en communion avec des intérêts privés et puissants plutôt que le respect de l’étiquette républicaine, c’en était fini de ce Président… qui ne le serait jamais vraiment aux yeux de ses sujets.

Trop tard…

De « Paloma » en « Epad », de joggings médiatisés en « Casse-toi pauv’ con ! », la suite ne fut qu’une longue série de rechutes sur fond d’une quête impossible : celle d’une « re-présidentialisation » aux allures de mythe de Sisyphe. Chef de camp, parfois de clan, et toujours des siens, le conflit fut son carburant et l’incita à monter les uns contre les autres, les Français d’origine étrangère à « ceux qui aiment vraiment la France », les « vrais » travailleurs du privé au « corporatisme » des syndicats, sans jamais parvenir à se hisser au rang de « Président de tous les Français ».

Il est de coutume d’observer que François Mitterrand sut affecter ce profil de sage élyséen à l’instant même de son élection, le 10 mai 1981, et que son successeur, Jacques Chirac, sut s’élever à cette hauteur de vues lorsqu’il prononça l’éloge funèbre de l’ancien Président socialiste un soir de janvier 1996 à la télévision.

Jamais cinq années durant, Nicolas Sarkozy ne parvint à être vraiment à l’aise dans ce costume-là, sauf peut-être, ultime paradoxe, lors de ce dernier discours de vaincu dimanche soir à la Mutualité. Là, l’exacerbation narcissique mise à part (« Moi, je », « moi, je » , etc.), Nicolas Sarkozy a, pour l’une des rares fois de son mandat, su trouver des accents justes pour vanter le rassemblement, la Nation apaisée et le respect de l’adversaire. Trop tard.

Le bon candidat ?

À peine élu, Nicolas Sarkozy confiait volontiers qu’il « faisait » Président en attendant d’aller « faire » autre chose. C’était au début de l’année 2008. Moins d’un an après son entrée à l’Elysée, le chef de l’Etat parlait de sa charge comme d’un boulot comme un autre, presque un job ordinaire. A l’époque, ce drôle de Président qui se voulait à la fois manager et DRH répétait qu’il ne se représenterait pas en 2012 et qu’il irait « faire du fric » à l’issue d’un seul mandat. En attendant, donc, d’aller goûter aux délices du privé, Nicolas Sarkozy s’efforçait de « faire » Président…

Et bien non, justement, telle est la vraie cause de défaite : l’ancien maire de Neuilly n’a jamais fait Président, au sens où il n’a pas été perçu comme « Président de tous les Français » par nombre de ceux qui n’avaient pas voté pour lui. La République, son histoire, ses us et coutumes, est plus forte que ceux qui la représente. Elle s’impose au tempérament de ceux qui, simples locataires de l’Elysée, ont en main sa destinée pour quelques années.

A l’issue de ce scrutin dont l’issue démontre que le rejet du chef de l’Etat, de son style et de ses outrances, fut l’un des moteurs déterminants, on comprend que l’intéressé se contente de stigmatiser une soi-disant hystérie anti-sarkozyste dont il aurait été victime sans s’interroger sur ses responsabilités propres.

Lorsque le deuil de son ex-champion sera achevé, viendra pour l’UMP le temps de se poser une autre question, tout aussi cruciale : au vu d’un rapport de forces électoral plutôt serré, Nicolas Sarkozy était-il le bon candidat pour tenter de conserver à la droite un costume présidentiel qu’il n’avait pas réussi à endosser ?

Renaud Dély – Le Nouvel Observateur 

Renaud Dély

L'analyse de Renaud Dély...................(08/05/2012) dans LAICITE

Et pourquoi pas………………….(08/05/2012)

Un troisième tour judiciaire pour Nicolas Sarkozy ?

Créé le 04-05-2012 à 10h33 – Mis à jour le 08-05-2012 à 14h57 143 réactions

Anne-Sophie Hojlo

Par
journaliste Le Nouvel Obs

Affaires Bettencourt, Karachi, Kadhafi… Désormais privé d’immunité, l’ex-chef de l’Etat pourrait avoir très vite rendez-vous chez les juges.

Nicolas Sarkozy redeviendra un justiciable comme les autres à partir du 16 juin. (SIPA)

Nicolas Sarkozy redeviendra un justiciable comme les autres à partir du 16 juin. (SIPA)

Pendant cinq ans, il a bénéficié de l’immunité présidentielle. Le 16 juin, Nicolas Sarkozy redeviendra un justiciable ordinaire. Privé, comme c’est l’usage, du statut pénal particulier accordé au chef de l’Etat par l’article 67 de la Constitution un mois après la fin de son mandat, l’ex-président sera désormais à la disposition des juges. Des magistrats qu’il a affrontés plus souvent qu’à son tour pendant son quinquennat, et dont il a même projeté de supprimer la fonction pour certains d’entre eux. Et des magistrats qui ont montré leur détermination face à son prédécesseur Jacques Chirac, condamné à deux ans de prison avec sursis dans l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris en décembre dernier.

L’ex-chef de l’Etat aura d’abord à coup sûr affaire à la justice pour des dossiers « secondaires », mais dans lesquels des plaintes ont été déposées nommément contre lui. Mediapart l’a ainsi attaqué fin avril pour dénonciation calomnieuse, après que lui-même a poursuivi le site d’information pour faux suite à la publication d’un document portant sur un éventuel financement de sa campagne de 2007 par le colonel Kadhafi.

Nicolas Sarkozy est également visé par deux plaintes pour violation de la présomption d’innocence par les avocats d’Yvan Colonna, qu’il a qualifié à plusieurs reprises d’ « assassin du préfet Erignac » alors que sa condamnation n’est pas définitive à ce jour, l’ancien berger corse s’étant pourvu en cassation. Ces plaintes étaient bloquées pendant la durée de son mandat, avait décidé le tribunal de grande instance de Paris en juillet 2009 : elles pourront désormais suivre leur cours.

La menace Bettencourt

Mais le nom de Nicolas Sarkozy apparaît aussi et surtout dans plusieurs affaires politico-financières, ce qui faisait dire à Ségolène Royal en mars dernier : « Il a peur parce qu’il va perdre son immunité présidentielle, et on connaît tous les problèmes de corruption qui ont émaillé ces cinq années. »

En cause : un éventuel financement de sa campagne de 2007 par le couple Bettencourt et le colonel Kadhafi, et celui de la campagne de 1995 d’Edouard Balladur – dont il était ministre du Budget et porte-parole de campagne – par le biais de possibles rétrocommissions versées dans le cadre de contrats de vente d’armes avec le Pakistan et l’Arabie saoudite.

Le dossier le plus immédiatement menaçant pour Nicolas Sarkozy est sans conteste l’affaire Bettencourt. L’enquête, visant au départ des faits d’abus de faiblesse sur la milliardaire, a rapidement pris un tournant politique avec les accusations de Claire Thibout. L’ex-comptable a affirmé aux juges que Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, lui avait demandé de retirer 150.000 euros en liquide à destination de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy.

Des accusations confirmées par d’autres témoignages, recoupées par les agendas des protagonistes, et coïncidant avec de très importants retraits en liquide sur les comptes en Suisse de la milliardaire. Un faisceau d’indices suffisant pour le juge Jean-Michel Gentil pour justifier une mise en examen de Patrice de Maistre et d’Eric Woerth, trésorier de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy.

Il ne fait guère de doute que c’est ce dernier qui est visé à travers eux, et que la justice demandera des comptes à l’ancien président. Le juge Gentil a déjà souligné que les « visites du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy au domicile des Bettencourt pendant la campagne électorale de 2007″ rendent « des investigations » « nécessaires », et saisi ses comptes de campagne. Une convocation en vue d’une éventuelle mise en examen paraît inévitable pour l’ex-président.

Le spectre de Kadhafi

Autre source potentielle de financement gênant de la campagne 2007 de l’ex-président : Mouammar Kadhafi. Les interrogations datent de l’interpellation directe de Nicolas Sarkozy par Saif al islam Kadhafi, le fils du Guide suprême.

C’est nous qui avons financé sa campagne, et nous en avons la preuve. Nous sommes prêts à tout révéler. La première chose que l’on demande à ce clown, c’est de rendre l’argent au peuple libyen. […] Nous avons tous les détails, les comptes bancaires, les documents, et les opérations de transfert. Nous révélerons tout prochainement », lançait-il au chef de l’Etat de l’époque en mars 2011, au début de l’intervention occidentale en Libye.

Si les révélations du clan Kadhafi se sont fait attendre, Mediapart a pris le relais. D’abord en publiant le témoignage d’un ancien proche de l’intermédiaire Ziad Takieddine, affirmant que ce dernier avait mis en place les « modalités de financement » de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy par le colonel Kadhafi – ce qu’a démenti l’homme d’affaires libanais.

Puis en dévoilant un document prouvant selon le site d’information que Mouammar Kadhafi avait donné son accord pour financer la campagne à hauteur de 50 millions d’euros. L’authenticité de la note fait débat, et Nicolas Sarkozy a attaqué pour faux le site d’information, qui a répliqué en le poursuivant pour dénonciation calomnieuse comme vu plus haut. La justice enquête simplement sur cet aspect du dossier. Du moins pour le moment.

L’ombre Karachi

Troisième dossier de financement politique embarrassant pour Nicolas Sarkozy : l’affaire Karachi. Elle concerne cette fois la campagne d’Edouard Balladur en 1995. La justice s’interroge sur la provenance de 10 millions de francs versés en espèces sur le compte de campagne du candidat malheureux à la présidentielle.

L’ancien Premier ministre les a justifiés par la vente de tee shirts et gadgets à son effigie ; les juges van Ruymbeke et Le Loire soupçonnent plutôt un financement illicite par le biais de rétrocommissions liées à des contrats d’armement avec le Pakistan et l’Arabie saoudite.

Le nom de Nicolas Sarkozy apparaît dans le dossier à deux titres : en tant que ministre du Budget du gouvernement Balladur, et en tant que porte-parole et tête pensante de la campagne du candidat en 1995. Ainsi, c’est lui qui a approuvé le volet financement des contrats, et qui a notamment validé la création des sociétés Heine et Eurolux, par lesquelles auraient transité les commissions.

Plusieurs de ses proches ont été mis en examen dans le dossier : Thierry Gaubert, Nicolas Bazire, ainsi que Ziad Takieddine. Une audition de Nicolas Sarkozy par les juges dans ce dossier paraît une suite probable.

Face à ces affaires, Nicolas Sarkozy a crié à la « manipulation politique » et aux « boules puantes ». Dès le 16 juin, la justice aura les mains libres pour en juger.

Anne-Sophie Hojlo

Par
journaliste Le Nouvel Obs

Et pourquoi pas......................(08/05/2012) dans LA VIE EN SARKOZYE

Merci Ségolène……………………..(08/05/2012)

 

Discours de Ségolène Royal
Bastille le 6 mai 2012

Bravo et merci. Peuple de France. Peuple libre ! Peuple fier ! Peuple rebelle ! Peuple rebelle et qui le restera. Avec nous, avec la gauche, le peuple restera au cœur de tout et en avant de tout parce que pendant 5 ans, il a été écarté de tout. Alors continuez à rester debout, à rester en mouvement, à rester vigilant parce que nous voulons être la voix des sans-voix et donner de la visibilité à tous les invisibles qui ont subi pendant 5 ans le pouvoir de la droite et le pouvoir des marchés financiers.
C’est parce que vous, peuple de France, vous resterez vivants, debouts, enthousiastes, fraternels, que nous pourrons construire la République apaisée qui donne à chacun le moyen de maîtriser sa vie et de croire au progrès, et de donner à tous les enfants de France, un avenir et un espoir pour demain, et pour maintenant. Cette fête de la Bastille, cette fête de la Bastille, c’est la fête de la fraternité, de la solidarité. Celle qui a tant manqué pendant ces cinq années.
Merci peuple de France. Merci à vous tous et à vous toutes. Cette victoire c’est la vôtre ! Et nous sommes là pour transformer cette victoire dans un progrès social et humain. Et avec nous, les banques au lieu de commander, vont maintenant obéir. Il y a aura des résistances, vous allez voir. Le pouvoir de l’argent est toujours là. Alors mobilisez-vous pour la campagne des législatives pour donner à la gauche les moyens de transformer et de réussir le changement. Le combat continue, nous sommes ensemble et nous le resterons. Cette énergie populaire, elle est là pour réussir le changement, la justice, le progrès, l’égalité, l’égalité des chances, la France métissée qui est ce soir si nombreuse.

 

 

 

 

 

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Et quelle victoire………………….(08/05/2012)

Second tour : les surprises d’une victoire annoncée

Créé le 07-05-2012 à 18h32 – Mis à jour le 08-05-2012 à 08h32 70 réactions

Claude Weill

Force est de constater que la ligne nationale-populiste suivie par Nicolas Sarkozy a failli payer. Elle a séduit la majorité des électeurs lepénistes sans vraiment effaroucher les centristes, ni les « apolitiques ».

Valérie Trierweiler et François Hollande (Sipa)

Valérie Trierweiler et François Hollande (Sipa)

On attendait Hollande. Et c’est Hollande. Un résultat « normal », donc. Les chiffres du second tour n’en méritent pas moins d’être examinés avec attention, car ils marquent une inflexion par rapport à ceux du premier tour et apportent des enseignements utiles sur l’état de l’opinion.

La « raclée » n’a pas eu lieu. C’était la grande crainte de l’état-major sarkozyste – et l’espoir secret de quelques-uns, à l’UMP, qui, quitte à perdre, espéraient voir la ligne Buisson sévèrement sanctionnée. Cela n’a pas été le cas. Avec 48,38% des suffrages exprimés, le candidat sortant évite la débâcle. Son retard sur le vainqueur est deux fois moindre que celui de Ségolène Royal en 2007.

Jamais aucun des quelque 600 sondages d’intentions de vote publiés n’avait donné si peu d’écart. Ce 48,38% obtenu par Sarkozy est à comparer au score dont il était crédité dans les dernières enquêtes, réalisées les 3 et 4 mai, qui le situaient plutôt entre 47 et 47,5. Et aussi à son socle de départ, en février : aux alentours de 43 à 44%. Autrement dit : en trois mois de campagne active, Sarkozy a gagné 5 points, dont la moitié entre les deux tours (au lendemain du 22 avril, le rapport de forces entre Hollande et Sarkozy était d’environ 54/46) et 1 point dans les tout derniers jours. Ce en dépit du fait que toutes les enquêtes avaient donné Hollande vainqueur du débat du 2 mai.

Evaporation de l‘électorat de Mélenchon

La clef de cette minivague est évidemment à chercher dans les reports des voix. Et d’abord de celles de Marine Le Pen. Si l’on en croit la Sofres (sondage réalisé le jour du vote), 58% de ses électeurs ont voté Sarkozy, 14% Hollande, et 28% se sont abstenus ou ont voté blanc et nul. Si l’on s’en tient aux exprimés, cela fait 4 voix pour Sarkozy, 1 pour Hollande. Ou, en masse : 3.700.000 suffrages pour Sarkozy, 900 000 pour Hollande. Le reste se répartissant entre l’abstention (en hausse de 3,5 points par rapport à 2007) et les votes blancs et nuls, qui atteignent le taux record de 5,8% des votants.

A cette perfusion massive d’électeurs lepénistes s’ajoute un apport de suffrages venus de chez Bayrou : en dépit de la prise de position de celui-ci, et en dépit de la droitisation accentuée de la campagne de Sarkozy, ils ne se sont pas répartis en trois tiers, comme on l’espérait à gauche, mais se sont portés plutôt sur Sarkozy que sur Hollande (40% contre 28%, avec un petit tiers d’abstentions blanc et nuls).

Plus, toujours selon la Sofres, un renfort venu des abstentionnistes du premier tour : ceux qui se sont mobilisés le 6 mai auraient à près des deux tiers voté Sarkozy. A quoi on pourrait ajouter, en défaveur de François Hollande, une certaine évaporation de l‘électorat de Jean-Luc Mélenchon, dont un quart, apparemment, ne s’est pas reporté sur le champion de la gauche.

La bataille promet d’être rude

Cela éclaire la lecture que l’on peut faire de cette campagne. On ne saura jamais si une ligne plus « présidentielle » – disons plus modérée et rassembleuse – aurait permis à Sarkozy de faire mieux, voire de l’emporter. Mais force est de constater que la ligne national-populiste qu’il a suivie – centrée sur l’immigration, le « vrai » travail, l’antiélitisme, l’exaltation des frontières – a jusqu’à un certain point payé. Elle a séduit la majorité des électeurs lepénistes sans vraiment effaroucher les centristes, ni les « apolitiques ».

Voila qui en dit long sur les passions qui travaillent l’opinion française. Et qui ne va pas simplifier le débat stratégique qui s’ouvre à droite. Face aux Raffarin, Borloo et autres partisans d’un recentrage, Patrick Buisson et les tenants de la droite dure pourront continuer à soutenir que « l’école buissonnière » a limité la casse et sauvé Sarkozy du naufrage. Entre la droite dite « populaire » et les « humanistes », la bataille promet d’être rude.

D’autant que les sympathisants de l’UMP se déclarent massivement (à 70% selon Ipsos !) en faveur d’un accord de désistement avec le FN, aux législatives de juin. Et ceux du FN de même, dans une proportion similaire. Avec la victoire de François Hollande, c’est, pour la gauche, l’autre bonne nouvelle de ce 6 mai : la droite n’a pas fini de se débattre dans les mâchoires du piège bleu Marine.

Claude Weill – Le Nouvel Observateur 

Claude Weill

Par

L’édito de Nicolas Demorand………………(08/05/2012)

Avertissement

Par NICOLAS DEMORAND

L’état de grâce aura donc duré quelques heures, le soir du second tour. Maintenant, selon l’expression consacrée et mille fois répétée par les socialistes, «les emmerdes commencent». Et elles ont une nette tendance à «voler en escadrille», pour citer un ancien président de la République issu, lui aussi, du terroir corrézien. Double exemple en Europe : après l’économie et la société, c’est désormais le système politique grec qui a explosé dans les urnes, ce même dimanche 6 mai. Offrant à tous le spectacle du délitement d’un pays et de la désespérance d’un peuple dès lors qu’il n’a plus pour destin que l’austérité la plus brutale. Tous les pays de l’UE ne sont pas la Grèce et celle-ci a, aussi, sa part de responsabilité dans le malheur qui la frappe. Mais ce petit laboratoire tragique a valeur d’avertissement pour les démocraties, y compris les plus solides : le pire est possible et peut arriver rapidement. Deuxième exemple, à l’autre bout du spectre : l’Allemagne. Qui accueillera à «bras ouverts» François Hollande, mais n’entend pas revenir sur la potion amère et rigoureuse qu’elle exige des 27 Etats membres de l’Union. La croissance, si croissance il doit y avoir, viendra de la flexibilisation du marché du travail, pas de l’emprunt ou du déficit. Qu’importe si cette méthode ne marche pas, voire aggrave la situation économique des pays qui l’appliquent… Au moins les termes du débat sont-ils clairement posés et François Hollande, pas encore officiellement investi, déjà au pied du mur : la France pourra-t-elle infléchir le consensus de Berlin ou n’a-t-elle déjà plus assez d’influence en Europe ? Le quinquennat se jouera et se jugera sur cette question, qui dépasse de très loin les frontières disparues de notre pays, mais dessine la seule voie possible pour le remettre en mouvement. Et lui donner un avenir. Car, pour le reste – moralisation de la vie publique, présidence normale, refus d’hystériser l’actualité, de stigmatiser les uns et les autres, de systématiquement court-circuiter les corps intermédiaires -, il sera facile de faire mieux. Il était, de toute façon, impossible de faire pire. Même si cinq ans ne suffiront pas à réparer les dégâts de la campagne extrême-droitière de Nicolas Sarkozy pendant l’entre-deux-tours. Ni pour retisser le lien entre les Français qui auront goûté, en plein XXIe siècle, à une sale bouffée de maurrassisme, cette vraie boule puante de la campagne.

L’édito de Nicolas Demorand………………………(07/05/2012)

Enfin

Par NICOLAS DEMORAND

La joie. La joie immense. Celle de voir une parenthèse se refermer, une malédiction se dissiper. Et de quelle manière ! François Mitterrand n’aura pas été une anomalie de l’histoire mais le premier président de gauche. Il y en a désormais un deuxième : François Hollande. Pour le peuple de gauche, 2012 fait renaître 1981, redonne de la vie et des couleurs à ces images vieillies, sépia, qui semblaient condamnées aux livres d’histoire. Aux souvenirs intimes des anciens ou des gosses que certains d’entre nous étaient alors. 2012 efface aussi le 21 avril 2002, cette brûlure, cette blessure. Dix ans plus tard, le traumatisme d’avoir vu, un soir, la gauche rayée du paysage politique français est réparé.

Qu’est-ce que voter à gauche ? C’est se dire, en dépit de l’individualisme des sociétés contemporaines, qu’un «nous» existe. Que des idées comme la justice, l’égalité, le partage et la solidarité peuvent et doivent organiser la vie publique. Comme ces institutions et ces biens publics, créés par le Conseil national de la résistance, qui nous préexistent et nous survivront après nous avoir façonnés. Qu’il est possible, donc, d’aller contre les valeurs de l’époque pour faire vivre ce qui rassemble, au lieu de suivre la pente naturelle, d’écouter la petite voix qui parle en chacun de nous et engage à ne vivre nos vies que pour défendre des intérêts individuels. Dans une France abîmée, qui aurait pu faire le choix de se barricader derrière des frontières fantasmatiques en ressassant son passé, la victoire de François Hollande démontre que le pays aura préféré l’espoir. Regardé devant et non derrière. Savourons ce moment où un peuple décide de faire un tel choix. Et de regarder l’avenir. Car telle est désormais la tâche qui attend François Hollande. Réparer le pays, bien sûr. Refaire la société, évidemment. Réduire les inégalités de destin entre les Français, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent. Mais pour que tout cela advienne : dessiner, surtout, l’avenir. Montrer que la France n’est pas qu’un patrimoine, une histoire, une grandeur passée. Qu’elle peut aussi se projeter dans le futur et se réinventer. Cette page blanche, inquiétante par bien des aspects, exaltante par beaucoup d’autres, doit commencer à s’écrire. De manière résolue, impérative, pour ne pas décevoir ce vote et la confiance qu’il manifeste encore dans la capacité de la politique à changer les choses, à défaut de la vie. Le travail ne fait que commencer et il sera rude, dès demain. Mais aujourd’hui, soyez heureux et vivez pleinement ce joli mois de mai.

Un Président pour tous les Français………………….(07/05/2012)

Un Président pour tous les Français......................(07/05/2012) dans Politique

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